On dit de lui qu’il a servi de modèle au personnage de Tony Stark interprété par Robert Downey Jr dans la série des films Ironman. Le surdoué Elon Musk, cofondateur de Paypal et Tesla Motors – entre autres –, se trouve confronté à de violentes attaques depuis que le conducteur d’une de ses Tesla Model S est décédé après avoir percuté un camion alors qu’il était en mode autopilot. La société Tesla a attendu un mois avant de rendre public l’accident, sans pouvoir pour l’instant expliquer les causes du drame. Depuis, on a découvert que d’autres incidents, certes moins graves, avaient déjà eu lieu sans que le public en ait eu connaissance.

Volvo – Véhicules autonomes.

Putain de camion
Le 7 mai dernier, Joshua Brown, 40 ans, a trouvé la mort à bord de sa Tesla Model S sur une autoroute de Floride après avoir percuté de plein fouet, sans que les freins aient été enclenchés, un camion qui s’était mis en travers de la route. L’enquête a révélé qu’il était en mode pilotage automatique – prudemment dénommé « assistance au pilotage » par le constructeur californien – mais n’a pas réussi à déterminer s’il avait conservé les mains sur le volant. Ce drame a relancé la polémique sur la fiabilité des systèmes autonomes malgré les protestations du PDG de Tesla qui a fait valoir que c’était le premier accident mortel à déplorer sur 209 millions de kilomètres parcourus en mode autopilot dans le monde, largement en deçà de la moyenne aux États-Unis. Reste que, malgré la caméra située sur le pare-brise, le radar anti-collision à l’avant du véhicule et la douzaine de capteurs à ultra-son situés tout autour du véhicule, la Tesla de Joshua Brown n’a pas été en mesure de détecter la présence d’un obstacle aussi volumineux qu’un camion ni d’agir en conséquence…
Autonome mais pas trop
Foin des contradictions : si l’on est tout près de la voiture autonome, on n’en est pourtant encore très loin ! Pour preuve, les constructeurs tel Tesla multiplient les mises en garde aux conducteurs : utilisation du système autopilot exclusivement sur autoroute, conditions de visibilité optimales afin que le véhicule puisse distinguer la signalisation et le marquage au sol, obligation de garder les mains sur le volant sous peine de déclencher un signal sonore… Sans mettre en doute la sincérité de constructeurs qui semblent véritablement préoccupés de l’intégrité physique des utilisateurs de leurs véhicules, on peut simplement remarquer que ces recommandations visent également à éviter les procès en tout genre dont sont friands les Anglo-saxons. En cas d’accident, qui est responsable ?
Le dilemme du tramway
Outre les limites technologiques actuelles, la mise en service de véhicules autonomes pose des problèmes d’ordre éthique dont l’un des plus célèbres a été formulé à la fin des années 60 par une chercheuse américaine, Philippa Foot : vous êtes le conducteur d’un tramway dont vous avez perdu le contrôle et vous avez le choix entre deux voies. Sur l’une d’elles, 5 ouvriers sont au travail, sur l’autre, un seul homme. Quelle que soit votre décision, elle entraînera la mort de la ou des personnes présentes sur la voie. Ce dilemme prend aujourd’hui un relief tout particulier avec l’avènement de la voiture autonome. Le problème n’est plus aujourd’hui de savoir si vous choisirez d’écraser les 5 enfants qui traversent la route devant vous ou si vous préférerez percuter le mur sur votre droite, gage d’une mort certaine, mais bien de déterminer quel sera le choix de votre autopilot, et selon quels critères… Doit-il tenter de préserver à tout prix la vie du conducteur et de ses éventuels passagers ? Doit-il prendre en compte le nombre, l’âge des victimes potentielles de part et d’autre et, à l’aide d’un savant algorithme, adopter le « moins-disant » ? Le débat n’a aujourd’hui plus rien de virtuel et c’est bien cela qui fait peur.
LT