La douceur du midi était au rendez-vous. Plusieurs feux d ‘artifices avaient été annulés car le vent soufflait très fort pour dégager l’azur. Rafraîchis des morsures du soleil, vacanciers, touristes et Provençaux étaient venus, en ce jour de fête nationale, sur la promenade des Anglais pour assister au spectacle sur fond de baie des Anges. Jouissant du moment présent sur les traces de Chagall, Matisse, César et tant d’autres qui témoignent de la bienveillance niçoise, loin d’imaginer le crime aveugle dont ils allaient être victimes, fauchés par un véhicule transformé en arme redoutable. Immédiatement la solidarité s’est déployée, policiers, pompiers, personnels de santé, taxis, restaurateurs se sont mobilisés. Honorées la veille, les valeurs d’unité nationale se retrouvent aujourd’hui à nouveau éprouvées. Au matin, lorsque la mer s’est remise à scintiller et que soleil et cigales ont repris leur duo, certains invoquent d’urgence un bouc émissaire. Fragilisé par la peur, révolté de colère ou interdit d’émotion, chacun tente de se défendre de l’insupportable. Symbole de puissance et de paix, les troncs noueux et l’écorce crevassée des oliviers semblent faire écho à la douleur des Hommes. Puisons dans leur silence, la force de l’espoir, à l’instar des sages des bords de la Méditerranée, tel Hérodote : « L’olivier fut brûlé dans l’incendie du temple par les barbares ; mais le lendemain de l’incendie, quand les Athéniens, chargés par le roi d’offrir un sacrifice, montèrent au sanctuaire, ils virent qu’une pousse haute d’une coudée avait jailli du tronc. »
Hélène Manceron

Photo : Nelly Lamour 2016