Anticipant les évolutions urbaines, G7 a présenté ce dimanche 15 mai ses innovations à ses partenaires taxis. Engagé pour la réussite du secteur, le président-directeur général du Groupe Rousselet dévoile ses objectifs.

Nicolas Rousselet, président-directeur général
Groupe Rousselet
Vous venez de publier un essai « Humaniser l’économie de partage ». Quel est votre message ?
Le Groupe Rousselet est un groupe diversifié avec notamment les marques G7, ADA, Homebox, pour les plus connues. Sa vocation est d’apporter toujours plus de services aux citadins en profitant des formidables opportunités du numérique et de participer ainsi à créer la ville du futur. Les taxis sont un des principaux services aux citadins et ils se modernisent quotidiennement. Mais il faut que l’État, les villes, les acteurs sociaux évoluent également. Nous avons participé à une large concertation avec un débat parlementaire aboutissant à la loi du 1er octobre 2014. Cette loi n’est pas appliquée et, sans régulation, nos villes deviendront des jungles urbaines. Nous avons besoin d’un État, d’une Ville de Paris et d’une préfecture de police forts pour faire respecter les lois. Le nouveau monde digital n’abolit pas les règles fondamentales qui perdurent. La régulation publique ne stérilise pas la concurrence mais l’encadre pour une réelle efficacité au bénéfice du consommateur. Mon livre le martèle pour que nous soyons plus largement attentifs à la façon dont nos villes évoluent. Je le dis comme chef d’entreprise et comme employeur.
Pourquoi faut-il réguler la profession de taxi ?
Certains confondent libéralisme et philosophie libertaire, considérant que rien ne doit s’opposer à la liberté individuelle, quitte à laisser s’installer des zones de « non-loi ». Le taxi et le transport de personnes doivent être réglementés car il s’agit de transporter de façon sécurisée des êtres humains, d’occuper le domaine public et d’éviter les négociations sur les prix. Il faut donc : une licence ; des diplômes et des prix fixés par la puissance publique. À Austin (Texas), les habitants viennent de refuser l’établissement des nouveaux intermédiaires pour protéger la sécurité publique. À New York, la circulation entre Wall Street et Central Park n’est qu’embouteillages. À Paris, environ 25 % des véhicules en circulation aujourd’hui sont des taxis ou des VTC ! Les pouvoirs publics doivent réguler ce qui est un flux majeur de circulation. La concurrence, lorsqu’elle est loyale, n’est pas une menace : elle nous pousse à l’amélioration. Ainsi, nous avons créé la plate-forme internationale eCab regroupant les meilleurs de la profession. Elle regroupe aujourd’hui 10 pays, 100 villes et 100 000 taxis. En plus des performances digitales de l’application, tous les chauffeurs sont des professionnels fiables : c’est l’ergonomie des nouveaux entrants et la fiabilité des acteurs traditionnels !
Vous réunissez ce dimanche l’ensemble de vos chauffeurs partenaires. Pourquoi ?
Nous sommes fiers de notre métier, de travailler au service des personnes, jour et nuit, semaine et week-end. La période est difficile et beaucoup de taxis pourraient être démoralisés. Mais c’est justement dans une situation comme celle-là qu’il faut réaffirmer nos valeurs, notre fierté, notre enthousiasme et moderniser notre offre. C’est le sens de cet événement. Nous savons que notre métier doit innover sans cesse car nous ne sommes pas les seuls sur le marché du transport urbain. Nous sommes confiants dans notre professionnalisme. La chaussée des villes n’est pas extensible, à Paris elle serait même plutôt en voie de réduction forte, et les nouveaux entrants perdront leur apparente rentabilité lorsqu’ils s’acquitteront de leurs charges sociales et fiscales dans les mêmes conditions que nous. Nous gagnerons la bataille ensemble car au-delà de l’évolution technologique, c’est le chauffeur qui est au cœur de la relation client. Et il ne peut pas y avoir de chauffeur durablement motivé et efficace dans un modèle, celui des VTC, où les plates-formes imposent des commissions allant de 20 % à 30 % du prix des courses ; un modèle où le chauffeur est un travailleur précaire qui gagne à peine le SMIC en travaillant 70 heures par semaine. Nous ne souhaitons pas investir dans le VTC car nous sommes à 100 % derrière les taxis pour apporter toujours plus d’activité aux chauffeurs G7. Il faut choisir son camp, j’ai choisi le mien et je suis certain de la réussite des taxis avec un peu de patience et une adaptation déjà très engagée aux nouvelles exigences de nos clients. G7 et le Groupe Rousselet, c’est aussi l’image d’une profession parce que notre groupe est emblématique et, comme les chauffeurs de taxi, nous sommes fiers d’être engagés ensemble dans un combat de modernisation, d’efficacité et de justice.
HM
« Humaniser l’économie de partage », N. Rousselet, éditions Débats publics, 2016. 18 €.