Heetch, le « Pop » caché

« Nous constatons que l’application Heetch, qui est censée être interdite, fonctionne toujours», affirmait au Figaro un porte-parole d’Uber France à la veille de la manifestation du 26 janvier. En concurrence frontale avec les taxis comme avec les VTC, l’application Heetch met en relation numérique des passagers avec des conducteurs amateurs. Ciblant particulièrement les jeunes noctambules les jeudis, vendredis et samedis soir à Paris et à Lyon, l’application entretient astucieusement la polémique pour tenter de contourner la réglementation.
Bataille de com’
Après avoir échoué à faire assimiler son activité à du covoiturage – ses clients définissant eux-mêmes la destination de leur course –, l’application revendique désormais le « ride sharing », littéralement « partage de voiture ». Revendiquant une utilité d’intérêt public, elle se pose en alternative entre une offre de transport individualisé professionnelle (taxis et VTC) qu’elle qualifie de trop onéreuse et l’offre de transport public qu’elle juge peu attrayante. Mettant en avant des valeurs de l’économie collaborative et le souci d’optimisation du parc des véhicules en milieu urbain, elle contribue et encourage pourtant dans son recrutement à la possession d’un véhicule particulier face aux alternatives déployées tous azimuts par les pouvoirs publics, notamment dans la capitale.
Filouteries numériques
Disponible uniquement en soirée, plafonnement des gains et règlement de la course laissé à la discrétion des utilisateurs : les principes vertueux mis en avant par l’application font l’objet de nombreux détournements. Si vous décidez de ne pas payer votre Heetch, le conducteur vous donnera une mauvaise appréciation de fin de course qui vous exclura de fait du service. Se targuant d’une neutralité numérique irréprochable au service de l’économie du partage, les responsables de l’application expliquaient néanmoins, lors d’une conférence de presse le 25 janvier dernier, qu’ils influaient sur le montant de la « suggestion tarifaire » proposée au client afin de favoriser les revenus de ses conducteurs amateurs, limités théoriquement à 6000 € annuels. En réalité, l’application ne semble avoir aucun contrôle sur les gains réalisés par ces derniers : annulation de dernière minute pour un paiement de la course défini de gré à gré avec le client ; racolage et prise en charge sur la voie publique hors des modalités de l’application…
Gardes à vue et procédures
Malgré les beaux discours des responsables de l’application et leurs soutiens financiers et politiques comme celui du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, les forces de l’ordre ont déjà procédé à l’arrestation et au placement en garde à vue de plus de 200 de ses conducteurs. Jusqu’alors bien au chaud dans leurs locaux parisiens meublés à la façon des start-up californiennes, deux des cofondateurs de Heetch, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob, ont été déférés mardi 19 janvier devant le procureur de la République. Convoqués devant le tribunal correctionnel le 22 juin prochain pour « complicité d’exercice illégale de la profession de taxi » et « pratique commerciale trompeuse » comme leurs homologues d’UberPop, les responsables de l’application ainsi que ceux de son fonds d’investissement The Family ne font pas pour autant profil bas. À la veille de la manifestation nationale des taxis de France, ils se posaient en victimes du lobbying des taxis et des VTC devant les médias.

Hm.

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