Réunis en une intersyndicale générale mercredi dernier, les taxis et leurs organisations professionnelles dénoncent la non-application de la loi du 1er octobre 2014 dite Thévenoud ainsi que la prolifération des prises en charge illégales sur la voie publique que les forces de l’ordre ne parviennent pas à endiguer. Impacté violemment par une baisse de la demande et des chiffres d’affaires, le secteur est soumis à de fortes tensions entre des taxis à bout de patience, des conducteurs de VTC désabusés et des plates-formes rapaces de mise en relation qui tentent de tirer leur épingle du jeu.

Malgré les débordements déplorés lors de la manifestation du 25 juin 2015, les taxis avaient obtenu un renforcement des forces de police pour le contrôle de la voie publique.
Constat unanime
« Même si certaines organisations professionnelles ne partagent pas les mêmes modalités d’action, le constat est unanime », témoigne Karim Asnoun, secrétaire de la CGT-Taxis. En effet, après la réunion des organisations représentatives du secteur – AFT, CFDT, CGT, CSAT, CSLA, CTP-SF, FNAT, FNDT, FNTI, FO-UNCP, Gescop, LMTS, UNIT, UNT, UNTP, Taxis de France, SACTTSRU, SDCTP et SUD –, la journée d’action du 26 janvier prochain a été retenue. En point de mire, l’inapplication de la loi du 1er octobre 2014 dite « Thévenoud ».
Détaillant ses revendications, la FNTI réclame dans son communiqué « l’arrêt immédiat de toute activité de HEETCH ; l’obligation d’une formation VTC sanctionnée par un examen du même niveau que les taxis ; la dépénalisation de toutes les infractions du code des transports afin de pouvoir procéder à des verbalisations et sanctions immédiates ; l’obligation d’une signalétique inamovible pour tous les types de transport de personnes ; le renforcement des contrôles pour le retour sur le lieu d’établissement ; une concurrence loyale par les mêmes charges et obligations et l’indemnisation par l’État du préjudice subi lié à la perte d’exploitation à tous les taxis artisans, locataires, salariés et actionnaires. »
Risques d’instrumentalisation
Des rassemblements seront organisés dans la capitale et des taxis européens ont annoncé leur participation auprès de leurs collègues de France, soulignant ainsi la problématique internationale que soulève l’opportunisme des plates-formes de transport individualisé. Après l’indignation suscitée dans l’opinion publique par les débordements de la manifestation du 25 juin dernier, l’organisation de la journée du 26 janvier prochain sera délicate. « Nous sommes pris en otage entre notre refus de la situation et la virulence de certains de nos collègues. Malheureusement nous n’avons pas le choix pour être entendus et faire valider nos propositions par le gouvernement. », déplore Christophe Van Lierde de la FNDT. « Nous refusons la macronisation de l’économie. Nous voudrions toucher l’administration en épargnant le public » renchérit Pascal Wilder de la FNTI. Dans les départements, les taxis de plusieurs capitales régionales sont d’ores et déjà en cours d’organisation d’actions sur leur territoire. De leur côté, rompues à l’exercice depuis que le bras de fer taxis/VTC a commencé à enflammer les médias, les plates-formes de mise en relation VTC organisent déjà la contre-attaque. Intervenant sur la formation des VTC afin d’assouvir leur besoin perpétuel de nouveaux conducteurs et alimenter le turnover qu’imposent leurs conditions de « partenariat », Uber et la Fédération Française du Transport de Personnes sur Réservation – FFTPR (pour les organisations signataires déjà connues du secteur) ont adressé une « demande d’audience en urgence » au Président de la République. À l’inverse, certains représentants des conducteurs VTC et Loti, tel UNSA-VTC, revendiquent le contingentement du nombre de sessions d’examen afin d’éviter un « tsunami » de nouveaux conducteurs qui accentuerai leur précarité.
HM