VTC : le modèle dérape

Que ce soit en France ou dans son berceau californien, Uber semble enchaîner les revers de fortune. Mais la multinationale n’est pas la seule à atteindre ses limites. Les applications LeCab, Chauffeur-privé, AlloCab et Heetch ne sont pas épargnées par la prise de conscience, par leurs conducteurs, des conséquences du modèle économique qu’elles proposent.
Procédures en cascade
La procédure diligentée contre Uber par la DGCCRF a été confirmée par la cour d’appel de Paris ce lundi 7 décembre. Soutenue par les syndicats de taxis, elle reconnaît la multinationale coupable de trois chefs d’accusation dont celui de « pratique commerciale trompeuse » et la condamne à une amende de 150 000 €. Un montant dérisoire au regard des budgets colossaux que cette dernière dépense en communication, mais une décision qui risque néanmoins de faire jurisprudence. En effet, la société Heetch – qui organise des transports réalisés par des chauffeurs non professionnels, déclarés comme autoentrepreneurs dans un revenu limité annuellement et à certains créneaux horaires – pourrait voir le débat sur l’illégalité de son service armé de nouveaux arguments. Pour Uber, la saga judiciaire sur sa responsabilité en tant qu’intermédiaire connaîtra un nouvel épisode en février 2016, lorsque ses dirigeants comparaîtront pour exercice illégal de la profession de taxi.
Conducteurs à vif
Si le recours en nom collectif contre Uber s’élargit potentiellement à désormais 160 000 conducteurs en Californie, en France, c’est la société LeCab qui comparaissait le 11 décembre dernier devant le tribunal des prud’hommes. Alors que l’application annonce son déploiement dans 23 villes en dehors de l’Île-de-France, le recours engagé par l’un de ses ex-conducteurs pour requalification de sa collaboration en salariat a été maintenu et renvoyé entre les mains d’un juge professionnel. D’ici là, la situation de la plateforme risque de se dégrader. En effet, selon un communiqué de l’Association solidaire de chauffeur indépendant VTC, un préavis de manifestation aurait été déposé à la préfecture de police de Paris pour le 18 décembre prochain. Revendiquant une « tarification réglementée (15 € minimum et 1,5 €/km minimum) », la fin des applications du type Heetch ainsi qu’une « clarification de la loi Thévenoud concernant la responsabilité des applis de maraude », les organisateurs du mouvement invitent leurs collègues à une déconnexion massive et illimitée de toutes les applis en ce premier jour de départ en vacances.

Les conducteurs de VTC dénoncent la précarité de l'intermédiation numérique contre laquelle manifestaient les taxis.

Les conducteurs VTC se révoltent contre la précarité que dénonçaient les taxis lors des manifestations nationales et internationales.

Taxis sous tension
Quant aux taxis de l’Hexagone, ils attendent avec impatience que les mesures concernant les VTC soient enfin appliquées. Sans relâche, ils demandent la fin du racolage des VTC, l’arrêt de l’affichage numérique de la géolocalisation des véhicules permettant la maraude électronique ainsi qu’une application équitable de la loi Thévenoud. Avant Noël, un arrêté relatif à la formation et à l’examen des conducteurs de voitures de transport avec chauffeurs devrait voir le jour pour entrer en vigueur au 1er janvier 2016. Les conducteurs de VTC devraient ainsi être titulaires du PSC1 – attestation de formation aux premiers secours –, suivre une formation de 7 heures minimum débouchant sur un examen sous forme de QCM… Un minimum aux yeux des taxis qui se voient imposer une modernisation à marche forcée.
HM

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