Alors que s’égrène le calendrier de l’Avent, l’esprit de Noël peine à s’installer. Pas de neige à l’horizon, la faute à des températures improbables ; illuminations maigrichonnes, protection du climat oblige. Seule la sortie cinématographique du dernier épisode de la célèbre saga Star Wars semble faire briller les yeux vers les étoiles. Depuis les attentats du 13 novembre dernier, la fréquentation des aéroports parisiens a baissé de 6 %, tandis que les hôteliers français enregistrent déjà une chute de 9,3 % de leur chiffre d’affaires. Quant aux taxis, ils se fanent en station dès l’heure de pointe achevée… Pendant ce temps-là, la SNCF profite des prochains départs en vacances pour poignarder le contrat social ! Présentant son initiative comme une bonne affaire, elle a adressé un courriel à son fichier clients pour les informer qu’à l’occasion de leurs prochains déplacements, ils pourraient « gagner de l’argent ». Pour le compte de son nouveau partenaire AirBnb, SNCF propose même d’offrir pour « un billet aller-retour pour une prochaine escapade en France ». Une offensive marketing dont l’hypocrisie a révolté les hôteliers. « Comment cette société publique peut-elle nouer un partenariat avec cette société de services étrangère qui réalise en France près de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et qui, dans le même temps, s’arrange et réussit le tour de passe-passe fiscal et social consistant à ne payer des impôts que sur à peine 2 % de son chiffre d’affaires et à ne déclarer que 30 salariés ! Qui plus est, est-ce le rôle de la SNCF de distribuer des billets gratuits aux frais des contribuables à une société privée ? » s’offusque Didier Chenet, président du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs. Fort heureusement, sous la pression – et peut-être grâce à Maître Yoda –, la SNCF a finalement renversé la vapeur et décidé « d’arrêter l’opération en cours » pour « prendre le temps du dialogue »… Nouvelle communication ou prise de conscience ?
Hélène Manceron