Les mesures de sécurité et les contraintes de circulation relatives à la tenue de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques semblent favorables au trafic numérique. Privés de manifestation sur la voie publique, les citoyens empruntent désormais massivement les réseaux sociaux pour témoigner de leur solidarité, se tenir informés et partager leurs émotions comme lors des attentats de Paris, ou pour manifester et contribuer à défendre ensemble la protection du climat à l’occasion de la COP21. De leur côté, les géants de la Silicon Valley n’ont pas tardé à réagir. Dès l’annonce du drame, ils ont affiché leur soutien en drapant leur communication de bleu, blanc et rouge. Customisant leurs interfaces en quelques heures, ils ont déployé leur savoir-faire et leur réactivité. Facebook a activé une fonctionnalité « Safety Check » permettant aux personnes considérées par le réseau comme dans une « zone à risques » de rassurer leur entourage connecté. AirBnB, spécialiste de la location de nuitées entre particuliers, a actionné l’option d’hébergement d’urgence qu’elle avait créée suite à l’ouragan Sandy de 2012 à New York. De même pour Twitter qui a contribué à relayer les avis de recherches lancés par la population. Uber, anticipant l’invitation à arborer les couleurs de la République, a habillé les représentations numériques de ses véhicules en tricolore. Saluant cet élan, certains médias voient en leurs actions l’avènement d’un nouveau service public.
Mais une fois l’émotion passée, faut-il continuer à se laisser abuser et oublier que si les images tricolores d’Uber étaient d’un bel effet, c’était au mépris de la loi taxis/VTC qui interdit la maraude électronique ? Facebook, AirBnb et autres Twitter ont-ils abandonné leurs pratiques d’évasion fiscale et le travail dissimulé pour rejoindre notre contrat social ? C’est pourtant là que réside l’exercice premier de la solidarité.
Hélène Manceron