Les attentats de ce vendredi 13 novembre ont meurtri la France et sa capitale. Les faits résonnent avec fatalité dans la mémoire des anciens dont nous célébrions sans pleine conscience le centenaire deux jours plus tôt. L’état d’urgence a mis les drapeaux en berne, fermé les devantures et vidé d’effroi les rues de Paris. Tandis que sont soignés les blessés et que les familles découvrent avec douleur, heure après heure, leurs victimes, le valeureux soleil d’automne reste impuissant face à la désolation du deuil. Demain, le président de la République s’exprimera devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès à Versailles. Établissements publics, culturels, édifices sensibles, transports, grands magasins et centres commerciaux feront l’objet d’une sécurisation accrue. Les Franciliens vont repartir travailler et la vigilance de chacun sera nécessaire pour assurer la protection de la communauté. Comment dépasser la barrière de l’impuissance ? Parviendrons-nous à tisser plus étroitement le vivre ensemble pour résister ? Parviendrons-nous à croire en nos propres forces ? Alors que ce vendredi soir, les bouches de métro des arrondissements de Paris se fermaient les unes après les autres dans les zones touchées par les attaques terroristes, de nombreux Parisiens n’auraient pu accéder aux soins ou se mettre à l’abri si quelques taxis en maraude sur la voie publique n’avaient pas convergé sur la zone pour offrir leurs services avec solidarité. Humblement, en urgence, sans faire de bruit, ils ont contribué à raviver la bravoure qui anime la vie des rues de Paris et défendre avec détermination la flamme de liberté qui éclaire la Ville lumière.
Hélène Manceron