Présentée par le ministère de l’Intérieur et le secrétariat d’État en charge de la Réforme de l’État et de la Simplification, la plate-forme Le Taxi est la traduction numérique du registre de disponibilité de taxis décidé par la loi Thévenoud, « développée par la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routières (DSCR) et le Secrétariat Général pour la Modernisation de l’Action Publique (SGMAP) en lien étroit avec les professionnels du taxi ». Présentée comme un atout pour valoriser la maraude électronique des taxis, cette initiative gouvernementale permettra-t-elle de contrer la concurrence numérique des VTCistes et des «covoitureurs » ?
Une interface professionnelle
Le Taxi n’est pas une nouvelle application smartphone de mise en relation mais une interface permettant la connexion du client d’une application avec un taxi libre à sa proximité. « Les utilisateurs du registre sont ceux qui possèdent des clientèles en mobilité : annuaires, mobilité urbaine, hôtels, compagnies aériennes, aéroports, métropoles, guides touristiques, assistance, etc. Seuls les éditeurs agréés sont autorisés à utiliser le registre », précise le site officiel. À l’heure actuelle, 9 éditeurs – Atlantis taxi, Axygest, Mob1taxi, Mon taxi, Taxi bleu du Midi, Taxiloc, Taxi Proxi, Taxis G7 et l’UNT – sont en cours de certification. Pour fonctionner, le dispositif devra compter sur la mobilisation volontaire des plus de 50 000 chauffeurs de taxi de l’Hexagone qui devront se rapprocher d’un opérateur taxi agréé et activer l’option dans l’application ou au terminal embarqué de géolocalisation à laquelle ils sont affiliés. Ainsi la localisation et le statut du taxi – libre ou occupé – seront transmis toutes les 5 secondes dans une base de données centrale sécurisée que publiera l’éditeur agréé par le registre à destination de sa clientèle.
Un développement en devenir
La simple création d’un registre national d’informations et d’identification des taxis est déjà une bonne nouvelle quand on sait que le recensement du nombre de taxis n’avait pas été réalisé depuis près de 10 ans ! Néanmoins, malgré leur engagement en faveur de la modernisation du métier, les taxis lui réservent un accueil mitigé. Certains se mobilisent pour recruter leurs collègues autour des opérateurs taxis en cours d’agrément tandis que d’autres regrettent une nouvelle concurrence faite aux réseaux de mise en relation déjà établis dans les départements. Tous semblent déplorer que la réciproque permettant la collecte des données sur l’activité des VTC et celle des Loti ne soit pas envisagée, instaurant ainsi un nouveau risque de distorsion de concurrence entre les transporteurs. Par ailleurs de nombreux aspects attendent d’être précisés. La publication en open data, c’est-à-dire gratuitement pour tous, des données anonymisées collectées par le registre concernant « l’optimisation des zones de maraude, suivi du trafic, des vitesses moyennes en ville… » reste encore floue. Quant à une utilisation par l’Assurance Maladie – dont l’ensemble des conventions départementales a été répertorié –, elle ne devrait pas être compatible avec l’objectif de la plate-forme Le Taxi qui traitera les demandes immédiates et en aucun cas les réservations nécessaires à la coordination du transport des malades… En attendant l’avis de Union européenne, de la CNIL, de l’Autorité de la concurrence et du Conseil national d’évaluation des normes et, enfin, la publication du décret d’application de la mise en œuvre de la plate-forme, des premiers tests grandeur nature sont déjà en cours dans certains départements.
HM
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