Taxi rose contre la morosité

Répondant à la concurrence des VTC course après course, de nombreux chauffeurs développent des initiatives pour que leurs clients préfèrent le taxi. Monique et plusieurs collègues parisiens ont décidé d’offrir une course gratuite par mois et de le faire savoir. Mais ce n’est pas le seul atout qu’elle déploie pour garder la faveur des clients. Rencontre.

"Les taxis sont sympas et il faut le dire !", soutient Monique au volant de son taxi rose.

« Les taxis sont sympas et il faut le dire ! », soutient Monique au volant de son taxi rose.

Le métier de taxi offre-t-il un avenir ?
Je voulais être taxi et je ne le regrette pas. C’est un métier noble et respectable. Les mauvais côtés du métier sont essentiellement les embouteillages et le mépris dont nous pouvons être parfois la cible. Arrivée de Kabylie en 1950, à l’âge de six mois, j’ai grandi à Ménilmontant. Mon certificat d’étude en poche, j’ai commencé ma vie professionnelle dans la restauration. Le métier de chauffeur de taxi me faisait rêver car c’est l’indépendance. Après 26 ans d’activité, je reste émerveillée des rencontres qui se succèdent dans mon taxi. Mais les médias retiennent uniquement les mauvaises courses. C’est facile et gratuit de déglinguer les taxis. Uber fraude et tous disent bravo ! Les « maquereaux » sont désormais acclamés ? C’est indigne ! Le racolage incessant des VTC est révoltant. Nous, nous payons nos taxes et ce sont nos petits ruisseaux qui participent à la grande rivière ! Je voudrais inverser l’image véhiculée et redorer le blason du taxi parisien. Le métier n’est pas mort, comme le disent certains, mais il faut se battre car il réussit à celui qui reste positif.
Est-ce un métier facile ?
J’ai fait ma formation à l’époque où la dictée était une épreuve éliminatoire. J’ai été 18 ans salariée en doublage. Puis, en 2008, une licence m’a été attribuée mais il a fallu assumer les obligations de service du soir ce qui a été de nombreuses fois difficile. Aujourd’hui, j’ai un peu ralenti mais pour réussir, il faut de l’endurance. Il faut arrêter la frime et les fantasmes d’argent facile. Nous avons de grosses voitures mais elles sont toutes à crédit et leur entretien est très surveillé et coûteux. Le métier de taxi permet de gravir les échelons un par un et, comme dit le dicton, « tout arrive à qui sait attendre ». Je suis fière d’être cocher! Chef de mon entreprise, j’ai décidé au printemps 2014 de métamorphoser mon Berlingo en rose. Une façon personnelle de lutter contre la morosité. Depuis, je rencontre un succès incroyable auprès des clients !
Quelles astuces avez-vous développées face à la concurrence ?
D’abord, le taxi n’est pas un métier de contact mais un métier d’accueil. Nous devons particulièrement faire attention à la convivialité dans nos véhicules. Les applications smartphone apportent une modernité mais sont moins rapides que de lever la main dans la rue. Chaque client est différent et, sans être un larbin, il faut se mettre à son diapason. À Paris, le client est anonyme et tout se joue à chaque course. Nous devons être à l’écoute de nos passagers et valoriser les attentions que nous leur portons quotidiennement. Les taxis sont sympas et il faut que cela se sache ! Qui d’entre nous n’a pas attendu, le soir, que sa cliente soit en sécurité dans le hall d’entrée avant de démarrer ? Qui n’a jamais raccompagné un client pour ce qu’il avait en poche ? Etc. Nous n’avons pas attendu d’avoir un décret pour nous équiper de boîtes de mouchoirs ! Il faudrait que nous maîtrisions mieux nos tarifs pour rester compétitifs mais ce qui coûte le plus cher, ce sont les embouteillages !
HM

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