La loi du 1er octobre 2014 relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur, dite loi Thévenoud, fête aujourd’hui sa première année. Porteuse d’espoirs ou de déceptions, c’est selon, elle semble avoir en tout cas le mérite de donner un cadre à l’action des forces de l’ordre et à la justice afin d’assurer la sécurité des publics transportés. Pourtant, au lieu d’œuvrer à son amélioration, le manque de loyauté de certains acteurs fait patiner le secteur. Les taxis ne peuvent plus vendre les nouvelles licences. Ils sont désormais obligés d’être équipés d’un terminal de paiement, ne peuvent plus cumuler leur activité avec celle de VTC, etc. Les VTC se sont vu attribuer un cadre d’activité permettant de rétablir une concurrence loyale, ne serait-ce que vis-à-vis des ex-grands remisiers ; les plates-formes de mise en relation responsables se recentrent sur leur cœur de métier et développent l’innovation technologique et marketing dont commencent à profiter leurs clients ; les conditions d’arrêt, de stationnement et de circulation sur la voie publique ont clairement été confirmées à tous. Qui bloque alors la reprise du secteur ? Uber, Heetch et quelques autres applications smartphone de mise en relation, qui veulent imposer leurs propres règles et récolter un maximum de données informatiques. Des experts en « innovation », oui… mais pour déjouer la surveillance de la police et contourner les lois ! En écho à la révolte des taxis, certains s’élèvent pour dénoncer la manipulation dont les taxis et surtout les consommateurs sont victimes. Dans son essai intitulé « Uber, la prédation en bande organisée », Laurent Lasne rappelle le témoignage d’Aragon sur l’évolution et les tensions que connaissait le transport de personnes du Paris des années 30 : « Puis, l’auto était une machine. Plus elle roulait, plus elle rapportait. Elle n’était jamais fatiguée. Ce n’était pas comme le cheval dont la résistance physique limitait la journée du cocher. Celle du chauffeur rien ne la limitait. Même pas la loi. » Même si les temps changent, la preuve est faite aujourd’hui que l’innovation, l’intégration et la résistance restent des valeurs fondamentales à la communauté des taxis. Des qualités qui sembleraient faire défaut aux opportunistes du numérique !
Hélène Manceron