Québec : Uber classé X…

En entendant leur Premier ministre, Philippe Couillard (ça ne s’invente pas…), contredire son ministre des Transports qui avait pourtant déclaré « illégale » l’activité de UberX, les taxis québécois ont cru que le ciel leur tombait sur la tête. Confrontés à une baisse d’activité sensible, ils ont manifesté clairement leur mécontentement à Montréal et ailleurs, tout en acceptant de se remettre en question et de s’adapter au monde numérique.
Une histoire de taxes
Les taxis ont eu beau jeu de dénoncer l’évasion fiscale qui profite à Uber. En commission parlementaire, le directeur général d’Uber, Jean-Nicolas Guillemette, a confirmé que l’entreprise ne payait pas d’impôts au Québec ! Facile pour eux de dénoncer également la concurrence déloyale dont ils sont victimes : les chauffeurs de UberX s’exonèrent allégrement des quelque 200 000 $ (environ 136 000 €) que coûte un permis taxi et 3000 $ (2000 €) annuels de frais de plaque et de responsabilité civile. Pire encore, au-dessous de 30 000 $ (20 000 €) de revenus, ils ne sont pas tenus de payer la TVS et la TVQ, des taxes sur les ventes de produits et services perçues par le gouvernement du Québec ! Et quand ils dépassent ces 30 000 $ – ce qui représente déjà un beau chiffre d’affaires pour une simple activité annexe de « covoiturage rémunéré » –, Uber leur conseillerait de déclarer ces revenus en tant que « livreur de poulet ou de pizza »…

Au Canada comme en Europe, Uber s'exonère des règles fiscales et sociales et alimente confusion et polémique pour mieux s'implanter.

Au Canada comme en Europe, Uber s’exonèredes règles fiscales et sociales et alimente confusion et polémique pour mieux s’implanter.

Économie de partage ?

Alors qu’Uber poursuit la même stratégie de pression médiatique que celle adoptée en France et ailleurs – commande de sondages favorables à la poursuite de son activité, campagne de courriels des utilisateurs et chauffeurs auprès des autorités régulatrices des transport et des médias –, certains journalistes canadiens un tant soit peu lucides n’hésitent pas à dénoncer la malhonnêteté intellectuelle des arguments avancés par la multinationale : « Arrêtons de parler d’économie du partage, un terme auréolé d’angélisme qui n’a rien à voir avec la réalité d’Uber […]. Et rappelons-nous que lorsqu’une société comme celle-là demande à être réglementée, c’est la légitimité et non les contraintes qui l’intéresse », déclare Ariane Krol, éditorialiste à La Presse. S’y ajoutent des hommes politiques et même de grands capitaines d’industrie comme Alexandre Taillefer, pourtant peu suspect d’antilibéralisme : « On parle d’un mépris ouvert des lois, des cowboys 2.0. Nous sommes loin de l’économie sociale. »
Redorer son blason
Comme ailleurs, cette concurrence déloyale aura au moins eu le mérite de faire bouger les lignes. Dotés d’une image déplorable auprès de la clientèle et – bien évidemment – des médias, les taxis canadiens semblent avoir saisi l’opportunité et profité de l’occasion pour rebondir : obligation d’accepter la carte de paiement électronique à partir du 15 octobre à Montréal ; élaboration d’une charte vestimentaire minimum (une initiative que même les clients ne jugent pas vraiment pertinente au regard de leurs attentes) ; abaissement de l’âge des véhicules de 5 à 4 ans ; mise en place de caméras de surveillance à bord des véhicules. Surtout, mise en place d’un système de réservation et de géolocalisation par smartphone, ou plutôt « téléphone intelligent » (pour faire plaisir à nos amis québécois bien plus sourcilleux que nous sur le bon usage de la langue française) tel que Paxi, ou celui développé par Taxi Diamond. Bref, une entrée de plain-pied dans le taxi 2.0 afin de séduire une clientèle qui consomme par écran interposé, ignore l’argent liquide et qui se voudrait arrivée avant d’être partie …

LT

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