Le titre est racoleur, j’avoue. Les premiers à redouter la mise en circulation des voitures autonomes devraient être les auto-écoles et les constructeurs de voitures sans permis. Pourquoi s’embêter à acquérir une voiturette qui ne dépasse pas les 45 km/h quand on peut rouler à 130 sur l’autoroute avec une vraie voiture ? Il n’empêche, prudence étant mère de sûreté, autant savoir à quoi s’attendre dans les 20 prochaines années…
Vous avez dit autonome ?
Bardé de capteurs et de servocommandes, capable de rouler sans intervention d’un conducteur dans la circulation réelle, le véhicule autonome peut non seulement adapter son déplacement en fonction de la signalisation routière, mais également tenir compte de son environnement : véhicules, piétons, obstacles divers. Il peut même doubler un véhicule ou un vélo si les conditions de circulation et le code de la route le permettent ! Depuis déjà quelques années, les constructeurs et équipementiers automobiles se sont rués dessus, sans compter nos amis Google et sa fameuse Google Car et aujourd’hui Uber – encore lui ! – qui promet d’acheter un demi-million de la RoboCar de Tesla à l’horizon 2020 ! Un poil futuriste, non ? Pas tant que ça, car des véhicules autonomes rouleront sur route ouverte à Bordeaux en octobre 2015, à l’occasion du congrès mondial ITS réunissant les principaux acteurs mondiaux de la mobilité et des transports intelligents. Pour ce faire, des autorisations ont dû être demandées auprès du ministère des Transports car la législation actuelle ne permet pas à ce type de véhicules de rouler hors terrains privés.
Pas de voiture sans pilote
La convention de Vienne sur la circulation routière ratifiée en 1968 et en vigueur en France depuis 1977, stipule en effet que « tout véhicule en mouvement […] doit avoir un conducteur » et que « tout conducteur doit constamment avoir le contrôle de son véhicule ». Ceux qui rêvaient d’une voiture qui vous dépose devant votre domicile avant d’aller se garer toute seule et qu’il suffit de siffler le lendemain matin pour qu’elle rapplique aussitôt au bord du trottoir, tel Lucky Luke avec son fidèle Jolly Jumper, en seraient donc pour leurs frais. Qu’à cela ne tienne, les mastodontes du marché mondial du secteur anticipent déjà une modification de la réglementation, même si Renault reste prudent et précise que, pour des raisons de sécurité, la « délégation de conduite » ne peut être activée que dans des parkings adaptés à la voiture autonome – c’est pas demain la veille – et sur « route protégée », à savoir « voie rapide sans piéton ni cycliste, en situation d’embouteillage dont la vitesse n’excède pas 30 km/ h sans changement de file ».
Bémols en série
Les grincheux, dont j’avoue humblement faire partie, ne manqueront pas de souligner les nombreux obstacles sur la route de l’autonome. En cas d’accident, qui sera responsable ? Une question pas si farfelue quand on sait qu’avec ses millions de kilomètre parcourus, la Google Car a été impliquée dans plus d’accidents – mineurs il est vrai et dans lesquels sa responsabilité n’était pas engagée – que la moyenne nationale américaine. Malgré le doublement, voire le triplement des systèmes de sécurité, qui peut garantir l’infaillibilité de l’informatique embarquée ? Parce qu’il est évident que vous comme moi n’avons jamais été victimes d’un plantage d’ordi ou d’une défaillance de notre fournisseur d’accès Internet…
Ah, j’oubliais le côté bêtement humain. Vous accepteriez, vous, de monter dans un drone piloté par un ordinateur ? Moi pas !
LT