Objets connectés, véhicules électriques, tchat en temps réel… les Taxis Bleus développent de multiples services pour répondre à la modernisation à marche forcée imposée par la concurrence.Questions à Yann Ricordel, directeur général des Taxis Bleus.
Les nouvelles dispositions réglementaires tardent à se mettre en place. Est-ce inquiétant ?
Bien qu’insatisfaisante, la loi Thévenoud – loi de transition, qui nécessitera sans doute des améliorations –, fixe néanmoins les règles des nouvelles plates-formes de mise en relation et cadre a minima les VTC. Sa remise en cause reviendrait à légaliser l’anarchie actuelle du secteur et nous ferait repartir de plus bas ! Il est vrai que l’activité taxi connaît depuis 2013 beaucoup d’aléas. En 2014, selon les témoignages, la baisse de la demande de taxis a impacté de – 15 % à – 20 % le chiffre d’affaires des chauffeurs. C’est le travail en station qui semble avoir le plus souffert. Entre concurrence et situation économique, le marché reste tendu. Très rapidement, l’offre des transporteurs privés a été multipliée par 5 mais la clientèle n’a pas augmenté d’autant. Heureusement, de nombreux clients reviennent aussi à nos services après avoir essayé celui des VTC, pour la fiabilité et la sécurité du taxi.
Quelles réponses la profession peut-elle apporter ?
Les observateurs ont cru que notre profession se protégeait par sa réglementation. La réalité quotidienne leur démontre le contraire. La réglementation protège avant tout la clientèle, mais pour se défendre, notre profession doit miser sur son amélioration continue. Les Taxis Bleus y participent en développant notamment des outils de commandes à la pointe : notre application mobile, et sa prochaine variante pour l’Apple Watch, qui devraient représenter, à terme, 25 % des commandes, mais aussi le Bouton connecté, que nous venons d’inaugurer pour répondre à une demande forte des hôteliers, des restaurateurs, des hôpitaux ainsi que celle des organisateurs d’événements. C’est un moyen de commande ultra-simplifié et sécurisé pour leurs clients comme pour nos chauffeurs, et il est disponible gratuitement sur notre site web, où l’on peut par ailleurs dialoguer par tchat avec nos téléconseillers. Je voyage beaucoup à l’étranger et j’observe l’essor du taxi électrique dans de nombreuses capitales européennes : Amsterdam compte déjà 400 taxis électriques sur 3 000 véhicules ! L’avenir du taxi en France passera aussi par le développement de ces « Taxis Verts » et nous comptons y prendre notre part. Faisons valoir la french tech* !
La réglementation et l’innovation sont-elles les seules pistes de modernisation du secteur ?
La mise en place de forfaits dans la tarification taxi participerait au rééquilibrage de la concurrence au moment où la demande de client est la plus forte. Cela a fait ses preuves partout dans le monde, surtout aux aéroports. Mais la circulation est une réelle entrave au développement de la mobilité. Sur Paris, la vitesse moyenne des taxis est passée de 19,5 km/h à 16,5 km/h en 10 ans. Ce sont des courses en moins pour les chauffeurs et près de 10 % en plus sur la note du client ! Pour la réduire, il serait nécessaire de libérer les voies de bus des VTC, du stationnement illicite ainsi que des vélos. Il est nécessaire de poursuivre le développement des pistes protégées pour les cyclistes et le réseau de voies bus/taxis. Les voies dédiées en redescente vers la capitale sont une avancée, mais il est surprenant que la montée aux aéroports ne soit pas prévue, alors que les clients que nous transportons sont souvent pressés de rejoindre leur aérogare.
HM
* Technologie française.