Même les médias les plus réticents ont fini par le remarquer : les taxis sont omniprésents dans les rues, notamment celles de la capitale. Une bonne nouvelle pour les clients, mais qui révèle en réalité les fortes difficultés rencontrées par les chauffeurs de taxi. Commentaires de Mahécor Diouf, président de SUD-Taxis.
Mahécor Diouf, président SUD-Taxis
En plus de la crise économique, les taxis font face à une concurrence virulente. Quelles sont les conséquences sur l’activité ?
Depuis le début 2015, nous enregistrons une nouvelle baisse de près de 20 % de nos chiffres d’affaires. Nous sommes à la mi-avril et le travail n’a toujours pas repris. C’est l’effet conjugué de la concurrence des applications smartphone de transport et de la crise économique car, malgré les annonces de nos concurrents, la demande de transport individualisé n’a pas augmenté ! Les récentes décisions de justice sont perçues comme un désaveu de notre profession et entraînent une perte de confiance envers les pouvoirs publics. La poursuite d’activité d’UberPOP, dans la plus parfaite illégalité, fait ressentir aux chauffeurs un sentiment d’injustice et de révolte au quotidien.
Quelles sont les répercussions sur l’activité des taxis parisiens ?
Pour permettre une exploitation maximum de nos taxis, nous assistons depuis quelques mois à un développement du travail à temps partagé. Que ce soit à l’initiative d’un artisan motivé par l’amortissement de sa licence, ou celle d’un locataire, cette organisation de l’activité des autorisations de stationnement entraîne une omniprésence de nos véhicules auprès de la clientèle. Le « temps partagé » permet certes à nombre de jeunes chauffeurs de trouver un emploi mais c’est également un signe inquiétant de précarisation. En effet, comme dans tout métier soumis au travail posté, une telle répartition des jours d’activité est particulièrement inconfortable à vivre au jour le jour. Elle impose en outre des démarches administratives contraignantes auprès du RSI, de l’Urssaf ainsi que de la préfecture de police de Paris.
Comment lutter contre cette précarisation des conditions de travail ?
Il faut être constructif et s’impliquer chacun, personnellement. J’invite les collègues de la jeune génération à participer aux organisations professionnelles, à prendre leurs responsabilités, à oser ! Quant à ceux qui envisagent la fin de carrière dans quelques années, je les encourage à développer le réseau de notre profession dans un respect mutuel et un soutien qui permettra, au terme de leur activité, d’assurer la relève. À SUD-Taxis, nous accueillons tous les volontaires ! Nous avons renouvelé le bureau de notre syndicat en ce sens. Aujourd’hui, le syndicalisme taxi n’est plus une question d’idéologie mais la réponse à une nécessité de mobilisation active pour défendre notre métier.
HM
Contact SUD-Taxis : diouf5128@gmail.com /// P. 06 61 62 48 94