Taxis 1 – Uber 0 ! – R. Pestana, AFT

Interview de Roméo Pestana, président de l’AFT – Association Française des Taxis

Rencontré il y a quelques mois à l’occasion de la création de l’AFT, Association française des taxis, Roméo Pestana, président de l’AFT et taxi francilien depuis de nombreuses années, nous livre aujourd’hui son analyse du combat qui s’est engagé en France et en Europe contre le géant mondial du transport individuel de personnes.
Le 4 juin dernier, vous assigniez en référé Uber devant le tribunal de commerce Paris pour pratiques illicites. Avez-vous obtenu gain de cause ?
Cette procédure visait à faire cesser l’utilisation d’une tarification horokilométrique exclusivement réservée par la réglementation française aux taxis. L’audience, initialement fixée le 4 juillet, a été renvoyée au 17 juillet à huis clos, date à laquelle nous avons été reçus au cabinet du premier président du tribunal. Par une ordonnance en date du 1er août, le tribunal a interdit à Uber d’établir et d’adresser aux clients de ses partenaires exploitants de VTC , en qualité de mandataire de ces derniers, des factures des courses réalisées détaillant le prix en fonction de la durée de la course et de la distance parcourue. Cette ordonnance n’est toutefois pas définitive. Comme il fallait s’y attendre, la multinationale a fait appel.
L’AFT est une association récente, est-ce le combat de David contre Goliath ?
Tous les membres de notre association sont des artisans taxi déterminés à ne plus subir. Notre but n’est pas de nous substituer aux organisations professionnelles déjà en place ni d’en ajouter une nouvelle. Nous avons fait simplement le constat que la bataille contre la concurrence déloyale doit s’engager aussi sur le terrain juridique. C’est un travail de fourmi de relever les exactions quotidiennes mais les taxis allemands nous montrent l’exemple. À Berlin et à Hambourg, malgré ses appels suspensifs, Uber a fini par être interdit, qu’il s’agisse de sa plate-forme de mise en relation ou de UberPop, son service payant de transport de personnes qui s’apparente à du covoiturage*.
En France, nous avons marqué un premier but, mais la partie n’est pas terminée.
Pensez-vous avoir gain de cause ?
Malgré ses millions de dollars et ses bataillons d’avocats, nous venons de faire la preuve que Uber ne gagne pas à tous les coups. Certes, nous n’avons pas pu faire interdire l’utilisation du tarif horokilométrique par Uber car, à l’époque du jugement, le statut d’intermédiaire – qui concerne l’application smartphone – n’était pas encore défini. Or, la loi qui vient d’être votée instaure la coresponsabilité entre le prestataire de transport de personnes et sa société de mise en relation… Ce qui nous donne espoir, pour la procédure d’appel en cours. Au sein de l’AFT, nous restons déterminés. Mais c’est grâce à la solidarité et l’engagement de nos collègues que nous pourrons avancer. En plus de la responsabilité qui pèse sur nos entreprises, ce combat engage des frais importants : avocats, huissiers… et nous avons besoin de la solidarité de tous les taxis pour faire face aux moyens investis par la partie adverse. Notre avenir est entre nos mains et si chacun donne un peu de ce qu’il a dans la poche, on pourra sauver notre chemise !
 HM
* NDLR : La prochaine étape de la procédure engagée par la DGCCRF contre UberPop se tiendra le 16 octobre.

Plus d’informations : www.taxis-aft.org /// P. 06 63 74 35 35

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