Dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, une manifestation militaire et civile a célébré l’épopée des taxis de la Marne. Parti des Invalides à Paris, un cortège mêlant taxis d’hier et d’aujourd’hui a parcouru les routes de l’Histoire.
Une opération tactico-logistique
« 6 septembre 1914. Le sort de la bataille de la Marne est incertain. Ayant compris dès le 3 septembre la manœuvre de l’ennemi, le général de division Gallieni, gouverneur militaire de Paris, a mis toute son autorité dans la balance, toute sa force de conviction, tout son caractère pour obtenir de pouvoir attaquer de flanc, sur L’Ourcq et sur la Marne. Il s’agit d’interdire la tentative de débordement du flanc ouest des troupes alliées, dans un dernier effort des hommes de la 7e division d’infanterie. […] Cette opération tactico-logistique va avoir un effet stratégique : une victoire locale qui ramène l’espoir et met fin à la logique de retraite. Elle va montrer que le sursaut est possible, que la défaite n’est pas inexorable et que l’ennemi peut être arrêté. Elle montre surtout que la conviction d’un homme d’exception peut redresser l’inéluctable et entraîner, par une décision ambitieuse et rapide, un retournement de situation. C’est ce tournant que symbolisent les taxis de la Marne », rappelle le général de corps d’armée Hervé Charpentier, gouverneur militaire de Paris.
Noblesse populaire
L’année 2014 marque le centenaire de la Grande Guerre. Dans ce contexte, le dimanche 7 septembre, le gouverneur militaire de Paris, la compagnie Alpha Taxis Gescop, la mairie de Paris et la 1re Brigade Logistique ont honoré la mémoire des 600 chauffeurs de taxi qui participèrent les 7 et 8 septembre 1914 au transport des troupes. Un cortège comprenant une dizaine de taxis d’époque, une centaine de taxis parisiens ainsi qu’une vingtaine de véhicules militaires est parti des Invalides et a parcouru l’itinéraire des anciens pour une arrivée à Nanteuil-le-Haudouin où s’est déroulée une cérémonie. « Si nous commémorons aujourd’hui cet épisode héroïque et glorieux, c’est parce qu’il symbolisa l’union sacrée entre militaires et civils. Les chauffeurs de taxis parisiens furent, en ces heures sombres et incertaines, les messagers de l’unité nationale et les interprètes de cette noblesse populaire lorsqu’elle refuse la soumission à la barbarie. […] En temps de paix comme en temps de guerre, oui, « il faut aller partout » pour témoigner des valeurs qui nous lient les uns aux autres. Elles sont notre héritage, mais elles constituent aussi notre avenir », a déclaré à cette occasion Gilles Boulin, directeur de la Gescop.
Image d’Épinal
Les applaudissements qui ont accompagné le cortège tout au long du trajet s’adressaient aussi bien aux participants d’aujourd’hui qu’aux héros d’hier. Partout en France, les médias n’ont pas manqué de faire écho à l’événement et retracer l’épopée de ces hommes valeureux. L’occasion pour certains de rétablir quelques vérités… Non, les taxis de la Marne n’étaient pas champenois, mais bien des taxis parisiens ! Oui, les chauffeurs ont été défrayés de leur participation à l’effort de guerre. Pour la petite histoire, l’État a déboursé 70 000 francs de courses de taxis, soit le prix de 10 voitures à l’époque ! Une page de l’Histoire de France que l’on croyait connaître et que le livre « Été 1914, les taxis parisiens ferments de l’union sacrée » de Laurent Lasne, paru aux éditions Le Tiers Livre, contribue à nous faire redécouvrir et surtout, à ne pas oublier.
HM