L’actualité économique pèse dans les attachés-cases parlementaires : lundi de grève aérienne des pilotes d’Air France pour dénoncer le développement de Transavia, la filiale low cost du fleuron français, qui annoncerait une nouvelle précarisation de l’emploi au prétexte de lutter contre le chômage ; manifestation des huissiers de justice également ce lundi ; notaires, opticiens ou encore dentistes et pharmaciens font écho au risque qui menace les professions réglementées suite à la communication du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) en juillet dernier et à la volonté de réforme du gouvernement. Première en la matière, l’UNAPL, Union nationale des professions libérales, appelle à une « Journée sans professions libérales » le 30 septembre prochain. Tous refusent le sacrifice de leur profession au profit de promesses de gains de pouvoir d’achat. « Nous sommes ouverts à des évolutions, mais pas n’importe comment, pas de cette façon, pas avec ce texte », a martelé M. Chassang, président de l’UNAPL, dénonçant à l’AFP à la fois le fond (chiffres erronés, conséquences dangereuses) et la forme du rapport de l’IGF (rapport non rendu public, absence de négociations). Un des principaux objets d’inquiétude est le projet d’ouverture du capital des cabinets, études et autres officines pharmaceutiques à des investisseurs non professionnels. « L’industrialisation et la financiarisation envisagées aujourd’hui conduiraient à une perte d’indépendance incompatible avec l’exercice de nos professions », souligne-t-il. « Les fonds de pension américains peuvent très bien demain devenir propriétaires de réseaux de professions libérales en France », ce qui risquerait d’avoir pour conséquence une concentration du secteur et coûterait in fine plus cher au consommateur : l’inverse de l’objectif affiché. La loi taxis/VTC, tout juste en fin de navette parlementaire, sera-t-elle épargnée d’un nouveau combat ? Les taxis, comme les professions indépendantes qui participent à la société civile et composent l’économie de proximité, ont déjà prouvé leur capacité à contribuer à l’effort de guerre, une guerre aujourd’hui économique et mondialisée. Mais est-ce en liant les mains du chauffeur que l’on évite les sorties de route ? Comment retrouver la croissance si chacun demande l’aumône ?
Hélène Manceron