Lors de la session extraordinaire du 9 septembre prochain, les députés débattront du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord entre la France et les Etats-Unis « en vue d’améliorer le respect des obligations fiscales à l’échelle internationale et de mettre en œuvre la loi relative au respect des obligations fiscales concernant les comptes étrangers », dite loi FATCA. Un des enjeux de ce projet de loi : limer les dents aux sociétés prédatrices qui pratiquent ce que les médias surnomment pudiquement « l’optimisation fiscale ». Un dossier supplémentaire dans le cartable de Uber renommée pour utiliser toutes les failles de l’économie mondiale et des réglementations nationales pour étendre son activité de transporteur et accroître ses profits. Retour sur l’été mouvementé de la start-up californienne.
À l’assaut de l’Allemagne
Après Bruxelles puis Paris, Uber a continué cet été son tour des métropoles européennes en s’attaquant à l’Allemagne : Munich, Francfort, Hambourg et enfin Berlin. Ces deux dernières villes lui ont opposé une belle résistance puisqu’elles ont, dans un premier temps, purement et simplement interdit son implantation au motif que le contrat d’assurance des chauffeurs affiliés ne couvrait pas de manière satisfaisante le transport de passagers. La société américaine a donc déposé un recours suspensif devant le tribunal administratif qui a abouti à l’annulation provisoire de ces interdictions en attendant que le litige soit tranché par une juridiction supérieure. La tactique est désormais éprouvée et permet incidemment à Uber de parfaire sa notoriété auprès des clients potentiels. Cerise sur le gâteau : alors qu’un millier de taxis berlinois manifestaient le 11 juin contre la concurrence déloyale d’Uber, le maire de Berlin – faisant montre d’un sens de la gaffe hors du commun – inaugurait les nouveaux locaux d’Uber en arborant une casquette « I love Uber » !
Une start-up version XXL
Mais comment une « modeste » start-up parviendrait-elle à imposer ses volontés à la planète entière ? Tout simplement parce que la société de Travis Kalanick, son fondateur, est tout sauf « modeste » ! Elle pèse aujourd’hui plus de 18 milliards de dollars et devance des petits camarades qui ont pour nom Airbnb ou encore Dropbox. Elle a su attirer des fonds d’investissement tels que Google Ventures et est en pourparlers avec Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook. Et comme l’argent ne fait pas tout, elle vient récemment d’embaucher l’ancien directeur de campagne du président américain, David Plouffe, qui dispose, on s’en doute, d’un carnet d’adresses bien garni. Selon son propre aveu, Mr Plouffe envisage d’utiliser les mêmes techniques qu’il avait employées lors de la première élection de Barack Obama, à savoir mobiliser les utilisateurs d’Uber pour faire du lobbying sur Internet.
Des méthodes de voyou
Si tout cela ne suffisait pas encore, Uber n’hésite pas à employer des méthodes pour le moins contestables. Gett d’abord, puis Lyft, deux géants de la location de voiture avec chauffeur, ont accusé récemment Uber de concurrence déloyale. Concurrence, le mot est faible devant les pratiques insensées que rapporte le site Arrêt sur Image. « Suivant une procédure très précise, des prestataires payés par Uber contactaient massivement les chauffeurs Lyft dans le seul but de les débaucher durant le trajet, […]. Ces travailleurs indépendants étaient payés en fonction du nombre de chauffeurs qu’ils réussissaient à débaucher […]. Pire, selon Lyft, des employés d’Uber auraient volontairement commandé puis annulé près de 6000 véhicules Lyft… dans le seul but de faire perdre leur temps aux chauffeurs. » Dans le marigot de l’économie mondialisée, les alligators ne se font pas de cadeau.
LT