Interview de Pascal Wilder, secrétaire général FNTI et président des taxis du Rhône – FTI69
Sans qu’elles soient encore définitives car de nombre de leurs modalités dépendent de mesures réglementaires, les dispositions de la loi « Taxis et voitures de transport avec chauffeur », en cours de travail parlementaire, dessinent de nouvelles perspectives pour la profession. Nous avons demandé son commentaire à Pascal Wilder, secrétaire général FNTI et président des taxis du Rhône – FTI69.
Quelle est la situation du taxi aujourd’hui ?
Le transport de moins de dix personnes est en pleine évolution. Aujourd’hui, un taxi a du mal à faire sa recette. Cela fait 34 ans que je suis chauffeur et j’ai les mêmes revenus qu’en 1980 ! Notre pouvoir d’achat a dégringolé et notre activité est grignotée de toutes parts : les transports publics nous ont pris les petites courses et les VTC nous volent les bonnes ! Ajoutez à cela la conjoncture économique qui pèse sur notre activité. À Lyon, les VTC nous font beaucoup de mal, surtout la nuit. Le transport individualisé de personnes est une niche toute petite alors, pour rentabiliser leur journée, ils font du taxi en racolant à la sortie des boîtes de nuit ou aux abords des événementiels.
Les dispositions de la loi Thévenoud vont-elles permettre un réel cadrage des VTC ?
La loi vise à professionnaliser les VTC par une capacité ainsi qu’une formation professionnelles. Elle impose également des exigences à leurs intermédiaires. Mais la situation économique sur le terrain se durcit de plus en plus car la clientèle n’est pas aussi abondante que ceux qui ne sont pas derrière leur volant l’imaginent ! Actuellement, il y a très peu de contrôles. Pour tout le département du Rhône, nous ne bénéficions que de quatre Boers, certes très actifs, mais qui doivent surveiller un secteur d’activité qui comprend ambulances, VSL et jusqu’aux dépanneuses ! Dans le projet de loi est annoncée une augmentation de leurs effectifs alors que nous savons bien que la politique générale est à la diminution du nombre de fonctionnaires.
Que pensez-vous des nouvelles règles apportées par la loi Thévenoud ?
Nous sommes favorables au projet d’open-data basé sur le volontariat ainsi qu’à la mise en place de la location-gérance, même si cela risque de poser des difficultés sur les locations de courte durée et qu’il faudra nécessairement faire évoluer le code du commerce pour conserver une équité entre loueur et locataire-gérant. En revanche, remettre sur le tapis la valorisation de signes et couleurs distinctifs alors que les enseignes de nos taxis viennent seulement d’être changées nous paraît totalement incongru. Quant à l’incessibilité des licences, elle risque de déstabiliser les cessions en raison des conditions d’attribution des nouvelles autorisations permettant notamment à chaque chauffeur inscrit sur liste d’attente de bénéficier d’une création au bout de deux ans d’activité. En outre, nous récusons l’obligation d’équipement en terminaux de paiement qui, sous couvert d’innovation technologique, nous livre pieds et poings liés aux banquiers !
Quelles perspectives peut-on dégager ?
En tout état de cause, ceux qui nous causent le plus de torts sont les sociétés d’application smartphone et non les VTC et notamment les ex-grandes remises. L’autre difficulté que nous devons affronter concerne le transport de malades. Conscients que le budget alloué au transport assis professionnalisé a fortement diminué, nous proposons une convention nationale comprenant les mêmes remises et le même système de travail dans tous les départements pour permettre d’optimiser l’accès aux soins. Enfin nous redoutons l’utilisation de l’open-data taxi, même facultatif, par les grands groupes de transports ou les grosses sociétés d’ambulances qui détiennent de nombreuses licences de taxis. Là encore, ce n’est pas la concurrence que l’on craint mais la mise en place d’appel d’offres dont les volumes excluent les artisans.
HM