Roméo Pestana, Association française des taxis – AFT.
Pourquoi cette nouvelle association ?
Suite à la grève du 10 février 2014, un groupe de travail de taxis des Yvelines s’est formé spontanément pour aboutir à la création de l’AFT. Les professionnels que nous sommes ont rapidement décidé de l’ouvrir à l’ensemble des taxis de France afin de renforcer son efficacité. À l’heure actuelle, les six membres du comité directeur sont tous artisans taxi du 78 mais s’enrichissent de parcours différents : certains, comme moi fils de taxi, sont tombés dans la marmite dès leur naissance, tandis que d’autres se sont reconvertis après des carrières dans le commerce international, l’informatique, voire la musique ! Notre trésorier a même été tenté un instant par les VTC… C’est cette diversité qui fait notre force et nous permet d’aborder la situation actuelle avec pragmatisme.
Pourquoi créer un nouveau collectif taxi ? Ne craignez-vous pas l’éparpillement de vos forces ?
Nous n’avons rien d’un collectif et notre objectif n’est pas en priorité de nous prévaloir de la qualité de syndicat professionnel. Chacun son métier. Pardonnez-moi l’expression, mais on en a marre de subir ! J’ai un Uberpop qui habite à 20 mètre de chez moi et s’il n’y a pas un engagement personnel de chaque taxi, nous savons tous comment cela peut dégénérer. Même si occuper la rue permet parfois de relancer le débat, cette seule option ne peut suffire. C’est à nous les taxis de faire bouger les choses. Nous sommes de plus en plus nombreux à constater que, depuis 2009, les taxis ne se sont pas souciés de faire respecter la législation en vigueur. Le but premier de l’AFT est d’engager la bataille sur le terrain juridique et les dons récoltés auprès des membres de notre association nous servent uniquement à payer les coûts des procédures engagées.
Quelles procédures ?
En France, nous avons assigné Uber en référé devant le tribunal de commerce de Paris pour la cessation immédiate de ses pratiques illicites, notamment son mode de tarification qui s’appuie sur un tarif horokilométrique. Par ailleurs, nous avons déposé plainte auprès de la DGCCRF et appelons tous nos collègues de France à nous signaler, photos à l’appui, les infractions qu’ils pourraient constater : défaut de signalétique propre aux VTC, utilisation frauduleuse d’équipements réservés aux taxis (lumineux, compteur horokilométrique), circulation dans les voies de bus, véhicules récents de location, disposant souvent d’immatriculations étrangères (Allemagne, Belgique, Lituanie…), dont les contrats interdisent l’utilisation pour le transport professionnel de personnes physiques. J’ajouterai enfin que dans ce dernier cas, il appartient au conducteur de souscrire un contrat spécifique de responsabilité civile professionnelle, ce qui est invérifiable en l’état actuel des procédures via Atout France.
LT
Propos recueillis pas Hélène Manceron
Plus d’info : www.taxis-aft.org