Ouvrant la porte à de nombreuses polémiques, les 30 propositions du rapport de la mission Thévenoud inquiètent de nombreux chauffeurs de taxi. Malgré le tumulte actuel, Mahécor Diouf, président de Sud-Taxis, a pu dégager un certain nombre de perspectives.
Mahécor Diouf, Sud-Taxis
Quels enseignements tirez-vous de ce rapport ?
Nous sommes partagés. Il y a des points positifs mais la mission n’est pas allée jusqu’au bout de son objectif. Le député a cherché à moderniser notre profession, ce qui est une bonne chose, mais il n’apporte pas de réponses quant à la concurrence des VTC en termes de charges, de tarification et de limitation des amplitudes de travail. À notre grande surprise, l’une de nos revendications, l’instauration d’une course minimum pour les VTC, a été qualifiée d’« impossible ». Pourtant elle a déjà été mise en place dans d’autres pays et existe depuis longtemps dans notre profession. Parallèlement, le rapport propose la création de forfaits dans le taxi, une proposition sans doute intéressante pour une partie de notre clientèle, mais qui souligne une incohérence.
La mission Thévenoud envisage une réforme de la location taxi, cheval de bataille de votre organisation professionnelle. Que pensez-vous de cette proposition ?
L’amélioration des conditions de travail des locataires est une revendication portée par notre organisation professionnelle depuis de nombreuses années et nous sommes heureux qu’elle soit enfin prise en compte. Pour garder la souplesse et la dynamique d’emploi qu’offre notre profession, les locataires devraient avoir le choix de leur affiliation sociale. Or actuellement, tous les chauffeurs locataires sont obligatoirement affiliés au régime général de la Sécurité sociale et leurs cotisations sont fixes quel que soit leur chiffre d’affaires. Souvent considérée comme solution transitoire avant de se mettre à son compte, la location doit permettre aux chauffeurs de constituer le capital pour créer leur entreprise. L’affiliation des locataires au RSI ferait baisser mécaniquement les tarifs de location puisque leurs cotisations sociales tiendraient compte des résultats de l’activité. Reste qu’un chauffeur qui entre dans la profession à 25 ans n’a pas les mêmes aspirations qu’un autre de 45 ans en pleine reconversion professionnelle ! Pour ce dernier, il est plus judicieux de conserver l’affiliation au régime général pour terminer sa carrière. Dans un cas comme dans l’autre, les loueurs s’adapteront !
En attendant, la situation des taxis parisiens semble se détériorer…
La persistance des agissements illégaux de nombreux VTC sur le terrain et les pratiques déloyales de leurs sociétés d’application smartphone demeurent intolérables. Dans un contexte économique très dur, avec des stations pleines de taxis en attente, les collègues paniquent, ce qui déstabilise le marché des cessions d’autorisations de stationnement, bien que les variables les plus influentes dans ce domaine restent le taux de chômage national et les conditions de retraite. Je ne suis pas un intermittent du taxi, je vis de mon compteur et, de fait, je privilégie ma profession à mes intérêts syndicaux ! Nous devons être sur le terrain et nous concentrer sur le fléau actuel des taxis parisiens, les VTC. Pas leurs chauffeurs bien sûr, mais le système auquel ils appartiennent et contribuent. Pour ce qui est de Paris, pour défendre l’activité, nous serions plus efficaces si des élections des organisations professionnelles étaient enfin organisées ! HM