Partie de rien en 2003, sans expérience dans le domaine automobile, la société Tesla Motors s’est retrouvée, en une dizaine d’années, propulsée en tête des start-up californiennes, avec un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars en 2013. À sa tête, que du « beau linge » : l’un des créateurs de PayPal, l’ancien président d’eBay et les cofondateurs de Google ! Elle est désormais cotée en bourse pour l’équivalent du groupe Renault et sa berline de luxe vient d’obtenir le titre très envié de voiture de l’année décerné par le magazine américain Consumer Reports. Voilà qu’aujourd’hui, elle s’aventure au pays des taxis.
Les reins solides
Une centaine d’exemplaires de la Model S – S comme sedan, « berline » en anglais – vont « faire le taxi » à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam à partir du mois de juin. J’entends d’ici les ricanements de certains lecteurs avertis : « Une voiture électrique ? Pas d’autonomie, pas de coffre… » Pour votre information, un taxi d’Oslo utilise déjà la Model S et prétend qu’il reçoit jour et nuit des appels de clients désireux de faire un tour dans ce petit bijou… Par ailleurs, il faut bien avouer que cette merveille de technologie a quelques arguments à faire valoir : aux dires du constructeur, sa berline 4 portes peut transporter 5 adultes plus 2 enfants et se distingue par une autonomie certifiée d’environ 400 km, une garantie batterie de 8 ans, un compartiment supplémentaire de 150 litres sous le capot – puisque il n’y a pas de moteur à l’avant… – ce qui porte son volume total de rangement à près de 1800 litres. Pas mal pour une électrique, hyperconnectée qui plus est !
Trop belle pour…
C’est là que le bât blesse. En effet, quelques semaines avant le lancement de son initiative « taxi », Tesla Motors faisait parler d’elle dans les médias informatiques pour un défaut qui semble aujourd’hui oublié : le mot de passe qui protège cet ordinateur sur roues serait d’une simplicité désarmante à « cracker », selon la presse informatique spécialisée. Pour accéder à toutes les fonctions de leur véhicule, les heureux détenteurs de Tesla bénéficient en effet d’un compte utilisateur protégé par un mot de passe composé de 6 à 8 caractères… qui ne résisterait pas plus de quelques minutes à un pirate informatique, même peu expérimenté ! Il suffirait d’utiliser ce que les spécialistes appellent une attaque par « force brute » — l’essai de toutes les combinaisons possibles —, pour pénétrer l’intérieur du système et avoir le loisir, au choix, de : déverrouiller le véhicule, le localiser, désactiver GPS, système de freinage, déclencher les Airbags… Nos génies californiens n’auraient, semble-t-il, pas eu l’idée de bloquer le compte utilisateur au bout de la troisième tentative infructueuse, comme le font les distributeurs de billets… Un spécialiste de la sécurité automobile chez l’éditeur d’antivirus McAfee n’hésite pas à parler d’un « avenir effrayant » après avoir constaté la faiblesse des protections offertes par les constructeurs automobiles.
Cerise sur le capot, quand on sait que plus de la moitié des utilisateurs utilisent le même mot de passe pour les différents services Internet dont ils sont friands – comptes Facebook, Twitter, sites marchands… –, on imagine avec un brin d’angoisse l’étendue des dégâts que pourrait causer un bidouilleur malintentionné.
LT