« À la suite du changement de gouvernement, j’ai été sollicité par plusieurs d’entre vous au sujet de la date de remise de mon rapport. […] Dès que le Premier ministre aura décidé de la date exacte […], vous en serez informés. Par ailleurs, je vous réunirai le jour même de la remise du rapport pour vous présenter les propositions que je vais faire ». C’est par ces mots que le médiateur Thomas Thévenoud a répondu, le 10 avril dernier, aux représentants des organisations professionnelles. Mais ce suspense ne paraît pas avoir calmé les ardeurs des médias à relancer la polémique, dénigrant à nouveau la profession dans son ensemble. « Taxis au bord de la crise de nerfs » titrait La Tribune le 9 avril dernier lors de la parution de l’analyse de Richard Darbéra, chercheur au CNRS. Réduisant les propos de ce spécialiste plutôt critique de la profession à de vulgaires états d’âme, le journal économique de renom semble mépriser l’équilibre économique des quelque 60 000 taxis de l’Hexagone. Un titre et une accroche déconnectés des propos tenus par l’auteur qui, fort de son expertise des taxis anglais, souligne la méconnaissance générale du taxi français, notamment dans le cadre de son actualité. Superficiels, les médias ? Il est à craindre que nous n’ayons pas encore tout lu, comme en témoigne le mini-scandale déclenché par – encore – La Tribune. Réagissant à la publication, il y a six mois, d’un pamphlet à charge contre l’activité des taxis qui prenait nommément à partie son entreprise, la G7 a intenté une procédure contre le blogueur et le journal pour faire cesser le dénigrement de son activité. Alors que la plainte aboutit – timing judiciaire oblige – et que les sociétés d’applications smartphone pour VTC tiennent conférence de presse pour prévenir la communication du rapport de la mission Thévenoud, les médias se donnent le mot pour faire plier le chef d’entreprise en invoquant la « liberté de la presse ». Certains vont même jusqu’à excuser l’auteur d’avoir fait l’amalgame malheureux, entre son entreprise et la profession tout entière ! « Lobby réactionnaire », «fossoyeurs de l’innovation » sont des critiques qui sonnent aussi creux qu’un tube de l’été périmé. Les taxis qui ont des reproches à adresser à la G7 ont des organisations professionnelles pour faire entendre leurs griefs et disposent de la capacité individuelle de retrouver leur indépendance. Quant à l’innovation, elle a bon dos, car de quoi parle-t-on ici ? D’un gadget numérique qui fait frétiller une minorité de la clientèle urbaine ? Ou, d’une organisation du travail reposant sur l’exploitation d’un sous-prolétariat de chauffeurs par des plates-formes de mise en relation automatisée, déjà dénoncée par certaines entreprises de VTC ?
Dans le second cas, rien de nouveau…
HM