Les chauffeurs de taxi seraient-ils parvenus à faire entendre leurs revendications sans avoir à manifester ? Après la mobilisation des taxis parisiens de février, qui avait vu confirmée la nécessité d’un arbitrage entre taxis et VTC, le transport de malades par taxi, enjeu majeur pour les 2/3 des taxis français, semblait pourtant avoir été oublié et les fédérations FFTP, FNDT, FNTI, FNAT, Gescop, UDTP, SUD et UNIT appelaient à une mobilisation nationale. Mais, au dernier moment, Thomas Thévenoud, médiateur nommé par le Premier ministre, est intervenu et la manifestation a été suspendue.
In extremis
« Après avoir pris contact avec les cabinets du Premier ministre et de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, je suis en mesure de vous confirmer que ce thème [le transport de malades remboursé par l’Assurance maladie et les modalités de la participation des taxis à ces transports] fait bien partie du champ de ma mission et qu’il fait bien l’objet d’un travail spécifique auquel vous serez bien évidemment associés. » Par son courrier adressé à chaque fédération nationale, juste avant que soient peaufinés les derniers détails de la manifestation nationale programmée le 27 février dernier, le député Thomas Thévenoud a évité in extremis un nouvel embrasement. L’article 39 de la loi de financement de la Sécurité sociale, la situation explosive du renouvellement des conventions dans les départements ainsi que l’obsolescence de la convention nationale, régulièrement dénoncées depuis plus d’un an par les taxis, manifestations à l’appui, ne sont sans doute pas étrangères à cette soudaine marque d’intérêt…
Plainte et consultations
L’engagement du médiateur a eu pour effet la suspension de la manifestation nationale. Suspension acceptée non sans réticence par de nombreux chauffeurs échaudés par les promesses de dialogue non tenues. Pour éviter les mauvaises surprises, l’intersyndicale FFTP, FNDT, FNTI, FNAT, Gescop, UDTP, SUD et UNIT, dont les composantes rencontrent actuellement les unes après les autres Thomas Thévenoud, a déposé plainte contre X auprès du procureur de la République pour exercice illégal de la profession de taxi, obligeant ainsi l’ouverture d’une enquête. À Paris, l’intersyndicale regroupant la CFDT, la CGT, le CST, FO, la FTI75 et le STM, a organisé, le 24 septembre dernier, une assemblée générale ouverte à tous les chauffeurs pour échanger sur le devenir de la profession. Plus d’une centaine sont venus participer à cet échange et proposer leurs suggestions : course minimum pour les VTC ; développement d’une application smartphone taxi « d’utilité publique » ; renforcement des contrôles et des forces de police… « Le député dit qu’il faut des règles… À voir ce que seront ces règles », a souligné Karim Asnoun, représentant de la CGT.
Travail de fond
Pendant ce temps, le médiateur semble continuer à se frayer un chemin dans la jungle du transport de moins de dix places… «Nous avons été reçus par le député accompagné d’un représentant du ministère de l’Intérieur ainsi que d’une représentante du ministère des Finances. Nous avons transmis les doléances et fait de nombreuses propositions, comme la réforme des tarifs taxis et le non-cumul des activités taxis et VTC. Plusieurs groupes de travail vont être constitués. Il nous a écoutés mais je ne sais pas s’il nous a entendus », résume Didier Hogrel, président de la FNDT, qui reste vigilant et maintient la menace d’une manifestation nationale. / HM