P ris à partie par la clientèle, notamment lors des journées de mobilisation des chauffeurs, les centraux radio et les interfaces de mise en relation des taxis et de leurs clients ont dû monter au créneau pour défendre le secteur. Impliqués depuis de nombreuses années dans le développement et la pérennité de l’activité taxi et auprès des chauffeurs affiliés à leur réseau, les Taxis Bleus, particulièrement Yann Ricordel, leur directeur général, n’ont pas hésité à mettre en avant leur popularité et leur expertise afin de contrer les provocations médiatiques de certaines sociétés d’applications smartphones de VTC. Commentaires à chaud !
La bataille médiatique paraissait aussi intense que la mobilisation des chauffeurs lors de l’opération escargot du 10 février dernier. À quelle revendication feriez-vous écho prioritairement ?
Le gel des créations de VTC était absolument nécessaire. Il y a eu plus de 600 immatriculations d’entreprises VTC pour ce seul mois de janvier ! Cette mesure était décisive pour une concertation sereine. Néanmoins, ce n’est qu’un report. Il faut donc en urgence renforcer le contrôle exercé sur les VTC. Les pouvoirs publics semblent partager cet objectif mais leurs intentions manquent de planning et de moyens. Enfin, il faut travailler concrètement sur un rééquilibrage des charges sociales et des contraintes.
Le lancement d’UberPop, qui permet la vente de déplacements par des particuliers, n’est-il pas la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?
Après la suspension du décret imposant un délai minimum de réservation préalable aux VTC par le Conseil d’État, il est certain que cette nouvelle application n’a rien fait pour apaiser le climat ! En pratique, la suspension ne change pas grand-chose sur le terrain car les VTC ne respectent pas la réglementation. Toutefois, UberPop révèle l’absence flagrante d’éthique des sociétés d’applications smartphones de VTC qui, après seulement un an d’exploitation, trahissent leurs partenaires chauffeurs et mettent en danger leurs propres clients. Que deviendra notre secteur d’activité si nous laissons s’installer de tels prédateurs ? La situation que nous connaissons illustre parfaitement que le laisser-faire réglementaire ne tardera pas à transformer le transport de personnes en véritable Far West !
Que faire pour sortir de l’impasse ?
Les taxis doivent être présents sur tous les fronts, ceux de la mobilisation, de la concertation, de l’image, mais aussi sur le terrain, auprès de leurs clients. Nous travaillons à renforcer et à faire valoir la qualité du service taxi au sein des Taxis Bleus. Certains reportages, bien que caricaturaux, ont permis une prise de conscience de l’augmentation des exigences des clients. Nous avons reçu beaucoup de messages de clients, et certains ne comprennent pas encore les raisons de la mobilisation des chauffeurs ou se plaignent de ses incidences sur leur vie personnelle. Nombreux pourtant sont ceux qui cherchent à proposer des solutions. Ils attendent de nous que nous sortions du conflit par le haut et que nous améliorions encore la prestation de service pour le consommateur.
HM