Alors que les taxis dénoncent la précarisation de leur activité et s’inquiètent pour le devenir de leurs entreprises, l’Insee a publié, le 10 janvier dernier, une étude sur le revenu d’activité des indépendants. « Fin 2011, en France, plus de 2,3 millions de personnes exercent une activité non salariée, hors secteur agricole. Parmi elles, 416 000 sont auto-entrepreneurs, soit 75 000 de plus que fin 2010. En 2011, les indépendants « classiques » ont perçu en moyenne 37 200 euros annuels : les juristes ont gagné plus de 110 000 euros tandis que les artistes n’ont déclaré que 15 000 euros. Les auto-entrepreneurs retirent en moyenne 5 430 euros de leur activité. Entre 2010 et 2011, le revenu moyen augmente de 1,6 % en euros constants pour les indépendants classiques et de 2,1 % pour les auto-entrepreneurs. Cependant, il diminue de 1,9 % pour l’ensemble des indépendants car la part des auto-entrepreneurs s’accroît […]. Hors auto-entrepreneurs, les rémunérations progressent fortement dans les activités informatiques, les activités artistiques et récréatives et les professions juridiques, mais sont en net repli pour les métiers de bouche, l’hébergement et la restauration, le commerce et la réparation d’automobiles ou les taxis. »
L’Institut relève que « le statut d’auto-entrepreneur continue en effet de gagner du terrain : fin 2011, 416 000 auto-entrepreneurs sont économiquement actifs, soit près d’un non-salarié sur cinq ». À l’heure où le gouvernement tente de rétablir l’emploi et cherche à renflouer les caisses de l’État, on est en droit de s’interroger sur le maintien du régime fiscal qu’est l’auto-entreprenariat. Certes le nombre des demandeurs d’emploi– ou plutôt, l’augmentation de leur nombre – s’infléchit, grâce notamment à la part grandissante des créateurs d’entreprise comme auto-entrepreneurs, mais que dire quand on voit le revenu moyen annuel de ces derniers ? 5 430 euros ! Juguler le chômage, permettre à nouveau la croissance devront-ils s’accomplir au prix de l’effondrement de l’économie de proximité et d’une paupérisation des professions indépendantes ?
Espérons qu’en cette encore toute fraîche année 2014, le gouvernement saura entendre la multitude de ceux qui font notre quotidien.
Hélène Manceron