Belgique : C’était au temps où…

Le 26 novembre dernier, quelque 200 taxis bruxellois ont manifesté leur mécontentement, provoquant durant quelques heures de grosses perturbations dans le centre-ville. Les raisons de leur courroux ? L’obligation faite à tous les professionnels de s’équiper d’un taximètre numérique. Ce dernier épisode clôt momentanément un véritable bouleversement, commencé il y seulement quelques mois avec une refonte majeure de l’ordonnance de 1995 qui régissait jusqu’alors l’activité.
Vous avez dit loi de 1995 ?
« Nous avons travaillé pour rendre le secteur des taxis viable et plus moderne, plus transparent. » Par ces mots, la ministre bruxelloise des Transports justifie son action dans ce que les médias belges appellent un « plan de modernisation ». Elle s’est attaquée tout d’abord à l’ordonnance de 1995 – décidément une année charnière pour les taxis, qu’ils soient belges ou français – qui « prévoyait que les autorisations d’exploiter un service de taxis étaient personnelles, indivisibles et incessibles ». Les taxis de l’Hexagone connaissent bien le genre de dérive qu’induit inévitablement ces textes de loi pleins de bonnes intentions : l’émergence d’un marché noir de la licence. Tout comme la loi du 20 janvier 1995 en France, la nouvelle ordonnance devrait permettre, selon les autorités bruxelloises, de moraliser la profession, d’autant que s’y ajoutent d’autres dispositions inspirées en droite ligne du modèle français : durée minimum d’exploitation de 10 ans pour éviter la spéculation, prix de vente librement négocié mais transaction contrôlé par une commission composée par des représentants des exploitants de services de taxis, des usagers, de l’administration et des experts, réforme de l’accès à la profession instaurant une formation et un examen obligatoires… La ministre souligne que ces mesures ont également pour but de permettre aux sociétés de taxis d’obtenir plus facilement des emprunts auprès des banques, et qu’elle compte bien les renforcer de dispositifs visant à lutter contre la concurrence déloyale des taxis non bruxellois, des « taxis pirates » – autrement dit les clandestins –, des limousines et des minibus exécutant des services de taxis. Que du bonheur ! Sauf que, dans son élan, Brigitte Grouwels vient de demander aux professionnels de s’équiper de taximètres numériques. C’est là que les choses se gâtent.
Taximètre digital
Malgré une subvention régionale de 1000 euros et une diminution de 65 % de la taxe annuelle d’agglomération qui passera de 575 euros à 200 euros (offre uniquement valable jusqu’à fin 2014), l’obligation faite à tous les taxis bruxellois d’adopter ce nouvel équipement à partir du 1er janvier 2016 a fait aussitôt réagir une partie de la profession qui a bloqué le centre de Bruxelles pendant quelques heures mardi 26 novembre. Les associations de chauffeurs ATB, UPETTC et Taxis United dénoncent le coût exorbitant – environ 2 600 euros – d’un appareil qu’ils jugent inutile et la compensation dérisoire qui leur est accordée par les autorités. Face à eux, la ministre campe sur ses positions, mais aussi des collègues représentant presque 400 chauffeurs et qui pointent du doigt les incohérences de cette manifestation : « Le taximètre numérique obligatoire fait partie d’une directive européenne. La région n’a fait que reprendre les exigences imposées au niveau européen. Ce taximètre sera une nouvelle manière de travailler […] et c’est un non-sens de s’opposer à une évolution technologique qui finirait de toute manière par s’imposer ».
Reste que l’on peut comprendre les réticences des taxis d’outre-Quiévrain qui, en l’espace de six mois, ont vécu une (r)évolution de la profession que leurs homologues français ont eu vingt ans pour assimiler.

LT

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