«Entendez-vous dans les campagnes mugir ces féroces soldats ? » La montée de la contestation populaire trouve
un étrange écho dans ces paroles de la Marseillaise entendues lors des célébrations du 11 novembre. En 2013 mugissent dans les campagnes françaises « Bonnets rouges », praticiens de santé et, depuis quelques jours, travailleurs indépendants.
« Ils ne fréquentent pas le CAC 40, ni les hauts fonctionnaires de Bercy, ni les couloirs de l’Élysée. Ils sont isolés et discrets, ils sont une cible idéale pour puiser de nouvelles ressources fiscales sans risquer une révolution. Le gouvernement a donc décidé de sacrifier les artisans, les commerçants, les travailleurs indépendants. La mobilisation que nous lançons aujourd’hui vise à dire stop, à prouver notre force et notre détermination.
J’appelle au soutien de tous, pour que le gouvernement entende enfin les demandes des chefs d’entreprise de l’artisanat et du commerce de proximité, pour que les Français puissent continuer à profiter au quotidien des entreprises de proximité », a déclaré Jean-Pierre Crouzet, président de l’UPA, Union Professionnelle Artisanale. « Toutes les heures, c’est six entreprises qui disparaissent », précise-t-il, s’appuyant sur les derniers chiffres de la Banque de France qui évalue à près de 54 000 le nombre des défaillances des entreprises de moins de 10 salariés entre août 2012 et août 2013. La France compte aujourd’hui 2,3 millions de chefs d’entreprise ayant le statut de travailleurs indépendants, soit 64 % du total. Des chefs d’entreprise qui subissent de plein fouet l’augmentation des prélèvements sur les personnes physiques, l’augmentation de la fiscalité des entreprises, ainsi que le contexte économique. Pas de manifestation de rue, a promis le président de l’UPA, afin d’éviter toute récupération. En revanche, pendant les 15 prochains jours, des affichettes noires placardées un peu partout en France sur les vitrines de magasins, barrées du slogan « Sacrifié mais pas résigné » et invitant à signer la pétition de soutien sur le site http://www.sauvonslaproximite.com. L’occasion peut-être pour l’opinion publique de prendre la mesure du problème ? Et, pour le gouvernement, une chance de rééquilibrer pacifiquement une situation concernant un grand nombre de citoyens qui sont aussi des électeurs.