Servant de porte-voix à certains acteurs de santé, quelques médias dénoncent les dérives de l’utilisation des budgets de l’Assurance maladie : mainmise de laboratoires pharmaceutiques, tourisme de santé, etc. Malgré ces signaux d’alarme répétés qui signalent les voies d’eau dans le système actuel de Sécurité sociale, l’Assurance maladie fait la sourde oreille, semblant cantonner sa politique de gestion du naufrage à choisir les rescapés qui auront le droit de monter à bord du canot de sauvetage… Pour le transport des malades, le dépit des chefs d’entreprises taxi gagne du terrain. Le point de rupture ne paraît pas encore atteint mais, à l’approche de l’anniversaire du 10 janvier dernier, date de la dernière mobilisation nationale, la situation semble se dégrader.
Une patience qui s’épuise
« L’objectif de notre profession était de ne pas laisser mettre en place les dispositions prévues à l’article 44 de la précédente loi de financement de la Sécurité sociale, mais également de développer une discussion constructive avec l’UNCAM – Union nationale des caisses d’assurance maladie –, et faire évoluer les dispositions de la convention nationale de façon gagnant-gagnant. Mais quelques sollicitations que l’intersyndicale ait pu faire, aucune concertation, ni même échange, n’ont pu se concrétiser », résume Gérard Gabet, président de la FFTP, Fédération française des taxis de province. Toutefois « la porte du dialogue ne s’est pas encore refermée », nous rassure-t-il. « Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a peut-être passé le premier examen de l’Assemblée nationale mais le processus démocratique n’a pas encore abouti. Il est maintenant présenté au Sénat et les discussions à son sujet sont loin d’être closes. Depuis un an, nous avons fait des propositions auxquelles nous n’avons pas encore eu de réponse mais la profession reste plus que jamais décidée à défendre les entreprises taxi avec la même détermination qui a porté la mobilisation nationale du 10 janvier dernier. »
Régime de défaveur
Sur le terrain, les entreprises taxi accusent le coup. « On ne pourra pas aller au-delà des remises consenties », nous assure Frédérique dans l’Yonne. « On est à cran ! ». Un commentaire qui est largement partagé, quel que soit le territoire où les taxis exercent leur activité. Notons que pendant ce temps, l’Assurance maladie ne semble pas tenir le même discours avec tous les transporteurs de malades… Ainsi, les organisations professionnelles représentant les sociétés d’ambulances – FNTS, FNAP et FNAA – annoncent, dans leur communiqué de presse commun du 29 octobre dernier, que se tiendra prochainement à la CNAMTS « une des dernières rencontres [qui] doit faire le point sur la situation du transport sanitaire ». Difficile de croire que la gestion du budget des transports par taxi ne sera pas abordée à cette occasion car aujourd’hui, de nombreuses entreprises d’ambulances sont « mixtes », exploitant en effet une flotte de véhicules composée d’ambulances, de VSL et de taxis. Parfois même avec une forte implication, certains départements révélant que près de 40 % des autorisations de stationnement de taxi seraient détenues par des sociétés d’ambulances. Un motif de plus pour s’étonner de la situation.