Après la suspension de l’écotaxe, le gel de la taxation sur les PEA et autres PEL, sans oublier le cadrage progressif de l’activité VTC, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer un manque de courage du gouvernement face aux lobbys. Parmi ces âmes vertueuses, on trouve pêle-mêle des opposants politiques préparant les prochaines échéances électorales, des éditeurs d’applications smartphones pour VTC jouant la polémique pour s’attirer les attentions des investisseurs internationaux, et autres intérêts cherchant à émerger dans l’actualité, bref des groupes de pression, autrement dit… des lobbys !
Écouter les revendications de ses concitoyens serait-il donc une marque de faiblesse ? Bien au contraire, si l’on en croit Pierre Zémor, conseiller d’Etat honoraire et spécialiste de la communication publique : « Dans un État de droit comme la France, la démocratie, exercée au nom du peuple, ne s’exerce pas beaucoup avec les citoyens. Gouverner face à l’opinion revient tout bonnement à gouverner, c’est-à-dire à anticiper, à choisir. À proposer aux citoyens. Interroger l’opinion sans rien lui proposer conduit à la mal gouvernance. Comment diriger, administrer, conduire la collectivité, inciter à des actions, modifier des comportements et accompagner des évolutions de la société sans écouter et sans faire savoir ? Gouverner c’est, de plus en plus, prévenir, anticiper et informer. Aussi, faire participer, dans un contexte où paraît revendiqué, avec une force nouvelle, le droit des peuples, mieux informés et avertis, à se gouverner eux-mêmes.
Tout au moins à se sentir associé aux décisions qui façonnent leur vie quotidienne, l’avenir de leurs situations et celui de leurs enfants. »* Une démarche constructive pour tous qui semble pourtant échapper au ministère de la Santé et ses représentants dans les départements. Pourquoi, depuis la mobilisation nationale des taxis en janvier dernier, le sujet reste-t-il dans l’impasse ? Comment le dialogue entre l’Assurance maladie et les chefs d’entreprise taxi n’arrive-t-il pas à s’établir ? N’y aurait-il pas, là aussi, un lobby qui – oublions la contrepèterie – brouillerait l’écoute de la profession ?
HM
*Le défi de gouverner communication comprise – Mieux associer les citoyens ?
Conversations avec Patricia Martin /// L’Harmattan-Radio France, 2007