De nombreux VTC auraient rêvé d’en couronner le toit de leur véhicule mais le décret n° 2013-690 du 30 juillet 2013 a interdit « l’utilisation de compteurs horokilométriques et de panneaux publicitaires de toit », prévoyant même en cas d’infraction une contravention de 5e classe. Le lumineux taxi est l’enseigne de l’entreprise, lui permettant d’attirer l’attention de la clientèle. Un défi de taille que Gamma n’a pas hésité à relever en y associant l’expertise de Patrick Jouin. Ce jeune designer français, ayant fait ses premières armes chez Philippe Starck, est notamment le concepteur de certaines sanisettes parisiennes et des stations Vélib’. Nous avons recueilli ses commentaires experts à l’occasion de la présentation du Gamma-7 à Taxirama.
100% News : Quelles sont les principales contraintes auxquelles vous avez été confronté pour la conception du lumineux Gamma-7 ?
Patrick Jouin : Elles sont principalement d’ordre réglementaire et concernent à la fois l’optique et la signalétique : la taille du mot « taxi », l’affichage des tarifs (NDLR : les répétiteurs), que nous avons choisi d’intégrer dans le produit sans les détacher, celui du nom de la commune, parfois long et auquel nous avons réservé une belle place… Mais nous avons voulu aller encore plus loin et nous débarrasser du sifflement désagréable présent dans de nombreux lumineux lorsque l’on roule, éviter que les lettres s’abîment avec le temps et disparaissent petit à petit. Les taxis ont souvent de superbes voitures, ils en changent souvent, et conservent parfois un lumineux en piteux état ! Nous avons donc injecté une feuille de polycarbonate, le plastique transparent le plus dur qui existe, afin que le mot taxi qui se trouve derrière soit constamment protégé et donc lisible de façon nette. On a aussi aujourd’hui des véhicules de plus en plus hauts, surmontés parfois d’une barre de toit dans laquelle nous avons souhaité intégrer le volume même du lumineux pour ne pas rajouter une cote supplémentaire. Vient alors l’ultime contrainte, la beauté de l’objet, qui ne peut naître que si tout semble complètement évident…
Créateur de cette nouvelle enseigne, quels objectifs vous êtes-vous fixé ?
Même s’il s’agit d’un objet destiné à tous les taxis, il est évident que pour un Parisien tel que moi, concevoir un lumineux entre autres pour les taxis de la capitale avait une saveur particulière, d’autant plus quand on sait que j’ai réalisé du mobilier urbain pour la ville de Paris, comme par exemple celui du Vélib’ ainsi que les nouvelles sanisettes. Pour moi, ces éléments participent à l’esthétique globale de la ville ; pour moi, un taxi fait partie du paysage urbain, tout comme son lumineux. Il est une expression de la modernité, de la qualité du service que doivent proposer les chauffeurs de taxi.
Qu’imaginez-vous lorsque vous regarder passer les taxis dans la ville ?
Je trouve que depuis ce changement avec l’affichage rouge et vert, nous avons assisté à une véritable transformation. Avant, en tant qu’utilisateurs, nous ne voyions pas les taxis, nous les cherchions. Maintenant, on les repère plus facilement. Il n’y en a pas plus, mais ils sont plus visibles. Cette frustration qui pouvait exister avant – « il n’y a pas assez de taxis à Paris » –, en fin de compte, est en train d’évoluer. J’ajouterai également que cela donne plus envie de les utiliser. Je pense que ça va dans le bon sens, même si, pour les chauffeurs, il a fallu se soumettre à une nouvelle norme, donc à une nouvelle contrainte, et à un investissement obligatoire. En même temps, je pense que cela participe à une modernisation et à une efficacité de ce service dans la ville et a permis de le rendre plus attractif.