Lors du congrès de la FNTI qui s’est déroulé début d’octobre à Lons-le-Saunier, la Fédération nationale des taxis indépendants a fêté ses trente ans et désigné un successeur à Jean-Claude Françon, son président historique. Fraîchement élu à la tête de cette organisation professionnelle incontournable dans la profession, André Alogna est un chef d’entreprise taxi lucide et impliqué, comme en témoigne son engagement pour les taxis du Grand Est. À l’occasion de son élection, il a accepté de répondre à nos questions.
100% News : Que pensez-vous des négociations sur le cadrage de l’activité des VTC et de la polémique médiatique qui s’en est suivie ?
La campagne de désinformation dont nous sommes victimes est intolérable. En revanche, je suis plutôt satisfait de l’avancement des négociations. Avec la création de l’intersyndicale des organisations professionnelles représentatives de la profession, sorte d’union sacrée entre Paris et la province, les choses progressent. Depuis l’affaire d’Easy Take à Avignon, cette entreprise de transport VTC qui, après avoir empoché des subventions, a déposé le bilan sans s’être acquittée de ses charges sociales, l’organisation de la contestation chez les taxis est arrivée aujourd’hui à maturité. Si le gouvernement nous a si souvent donné raison, c’est simplement parce que notre cause est juste.
Alors que de nombreux professionnels rencontrent actuellement des difficultés dans le renouvellement des conventions avec les CPAM, quel avenir pour les entreprises de taxi ?
La profession se retrouve au même point qu’il y a un an. Nous nous orientons vers un obscurantisme dangereux, avec la menace par l’Assurance maladie d’un numerus clausus du nombre d’entreprises conventionnées. Un comble ! Les CPAM sont en total décalage avec l’organisation actuelle des transports et chaque département est soumis aux volontés et interprétations des directeurs de caisses. Par ailleurs, il existe un vrai problème de concertation avec le ministère de la Santé. Pourquoi Mme Marisol Touraine refuse-t-elle de recevoir les taxis afin de pérenniser le service que nous apportons aux malades ainsi que l’activité médicale de nos entreprises ? Il y a une injustice flagrante de traitement avec les ambulanciers dont les représentants sont entendus sous prétexte que les VSL seraient moins chers que les taxis… Des entreprises qui, en pratique, effectuent leurs prestations avec les licences de taxi qu’ils possèdent une fois leur conventionnement obtenu !
Quels perspectives vous semblent favorables aux entreprises de taxi ?
Le levier d’économies qui peut être utilisé est bien la mise en concurrence des entreprises de transport et nous ne pouvons raisonnablement pas être opposés à l’augmentation du nombre d’autorisations de stationnement en fonction de la demande. Mais là aussi, il convient d’être lucide et on ne peut pas comparer la demande de taxis en ville à celle en milieu rural. Je suis favorable à la structuration des territoires en zones métropoles. C’est l’évolution naturelle des choses. Aujourd’hui, afin d’assurer les services publics, les communes sont dans l’obligation de mutualiser leurs moyens, la zone d’activité a changé d’échelle. Hélas, de nombreux chefs d’entreprises de taxi se perdent encore dans des batailles d’arrière-garde. Quand je suis devenu président national de la FNTI, j’ai pu découvrir que cette fédération est une radiographie du taxi d’aujourd’hui. Nous rassemblons toutes les problématiques existantes, du taxi parisien à l’agglomération provinciale en passant par le taxi rural. Gérer les différences tout en fédérant la profession pour pouvoir la faire évoluer, voilà mon ambition. »