Transports de personnes façon restauration rapide

« C’est comme exiger qu’une pizza soit livrée une heure après la cuisson », martèlent dans les médias, afin de décrédibiliser l’obligation de respecter un délai minimum de réservation des VTC, les patrons de sociétés d’applications smartphones. Soit. Acceptons la comparaison entre transport de personnes et restauration rapide. En ce cas, la mise en place de ce délai – qui semble tant les révolter – ne serait-elle pas plutôt une façon d’éviter que nos boîtes à lettres soient envahies de publicités vantant « Pizza livrée en 10 minutes jusqu’à 50 km ou remboursée ! » ? Les start-up de mise en relation commerciale par application smartphone comptent sur les préjugés dont sont victimes les taxis de France pour obtenir une marge de manœuvre inédite partout ailleurs dans le monde. Aujourd’hui, ils proposent un transport qu’ils pourront aisément compléter par des partenariats avec des majors de l’alimentaire… ou de la restauration rapide !
Déjà, le géant Google a récemment investi plus de 250 millions de dollars dans la société Uber, faisant frémir d’envie de nombreux associés de start-up françaises désirant être reconnus. Étant donné l’avancement des futures Google Cars, la politique d’investissement du numéro un des moteurs de recherche semble éminemment stratégique. Elle anticipe sur l’évolution du marché du transport où pèse silencieusement une volonté à la fois politique et commerciale de développer un auto-partage massif, s’assurant par la même occasion une part de marché pour ses propres véhicules. Une démarche qui rappelle celle d’un grand industriel français qui, sous prétexte de mettre à disposition des véhicules propres à partager sur la voie publique, a tissé un réseau de points d’alimentation en énergie qui quadrille toute la capitale.
Pourtant, avant même qu’apparaissent les voitures sans conducteur, chauffeurs comme consommateurs risquent de pâtir de la situation. Ces derniers, soumis au racolage induit par l’instantanéité des nouvelles technologies, deviendront de plus en plus captifs des partenariats entre majors de la consommation de masse. S’ils sont taxis, les chauffeurs vont voir à nouveau leurs entreprises se précariser, poussant les plus fragiles à la faillite. S’ils sont chauffeurs de VTC, ils ne seront plus que de la chair à canon, comme en témoigne le turn-over que connaît déjà cette activité. Mais rassurez-vous, bonnes gens, taxis comme VTC ne sont que des travailleurs indépendants dont la disparition ne risque pas de venir plomber les chiffres du chômage !

Hélène Manceron

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