Les efforts des gouvernements successifs en faveur de l’accessibilité, s’ils demeurent parfaitement louables, laissent parfois perplexes. Un peu comme ceux qui vous invitent à « rouler propre ». Vous vous souvenez du GPL ? Il y a une quinzaine d’années, l’Ademe offrait une prime de quelques milliers de francs aux taxis volontaires pour acquérir un véhicule GPL… Prime qui disparaissait dès que le professionnel faisait modifier la capacité du réservoir, ridiculement insuffisante pour un gros rouleur ! Mais les choses changent et pouvoirs publics comme équipementiers semblent depuis quelque temps avoir modifié leur stratégie.
L’exemple parisien
Naguère, le choix de rouler en taxi accessible – TPMR – relevait de la conviction personnelle, voire du sacerdoce. À Paris, sur les 14 800 taxis que comptait la capitale dans les années 90, le nombre de taxis PMR pouvait se compter sur les doigts d’une main. Ils sont aujourd’hui plus d’une centaine ! Les autorités de tutelle ne sont pas étrangères à cette augmentation impressionnante puisque, depuis l’année dernière, une part non négligeable des 100 à 200 autorisations de stationnement créées par la préfecture de police sont réservées en priorité aux taxis PMR. En contrepartie, les heureux bénéficiaires de ces « gratuites » doivent s’engager à suivre une formation spécifique qui couvre la prise en charge des personnes en situation de handicap, notamment les transferts, la manipulation et l’arrimage des différents modèles de fauteuil, et doivent également s’équiper d’un véhicule accessible. Saluons également l’initiative du groupe G7 qui, dès 2004, a créé sa flotte Horizon dédiée au transport par taxi de personnes en fauteuil roulant électrique. Grâce aux incitations financières du groupe, cette flotte compte aujourd’hui une centaine de chauffeurs.
Des taxis polyvalents
De leur côté, équipementiers et carrossiers n’ont pas hésité à revoir leur copie. Alors qu’il y a encore une dizaine d’années n’existaient sur le marché que de « petits » véhicules modifiés PMR, type Fiat Doblo ou Renault Kangoo, apparaissent aujourd’hui des modèles plus spacieux, capables de transporter des personnes valides en plus de celle en fauteuil. Et surtout, on peut aisément et rapidement revenir à la configuration d’origine pour faire du taxi « classique ». L’objectif désormais est en effet de pouvoir satisfaire tous les types de clientèle avec un même véhicule. Ainsi, lors du dernier Salon des taxis, la société Vehixel, spécialiste de l’aménagement PMR, a présenté son Cab Advance, sur base Volkswagen Caddy Maxi. Capable de transporter 7 passagers et une personne en fauteuil roulant, fabriqué en série – d’où un prix raisonnable –, le dernier-né du constructeur carrossier bressan privilégie la polyvalence sans sacrifier au confort et même au côté high-tech : suspension pneumatique, vitrage panoramique, connexion Internet…
De quoi se laisser tenter, non ?
Quant aux politiquement corrects qui souhaiteraient que l’ensemble des taxis français soit équipé PMR, nous répondrons comme le psychiatre Nicolas de Tonnac : « L’accessibilité totale est surréaliste. » Et il sait de quoi il parle, il est paraplégique depuis l’âge de quinze ans…