« Éviter les trous dans la raquette ! » – B. Crebassa, FNAT

Malgré un dialogue difficile, les fédérations de taxi continuent de participer aux réunions de travail afin de définir les conditions du renouvellement du protocole d’accord avec l’Uncam pour le transport conventionné par l’Assurance maladie. Alors que les différentes manifestations locales et nationales n’ont pas permis à la profession de voir prises en compte leurs revendications, Bernard Crebassa, président de la FNAT, fédération nationale des artisans du taxi, partage son analyse de la situation.

Bernard Crebassa.

Quelles sont vos perspectives sur le transport conventionné ?
Depuis la manifestation que nous avons initiée avec la FNDT pour le transport médicalisé, le mépris ressenti persiste. Selon l’Uncam, il y a une hausse de malades de 5 % mais, lors de nos discussions, nous faisons face à des comptables et non à des soignants. Dans le cadre du protocole quinquennal, nous demandons que la totalité du temps de travail soit pris en charge, notamment l’accompagnement administratif. Beaucoup de départements sont seulement rémunérés aux kilomètres parcourus alors qu’actuellement, par respect de leur clientèle, les taxis sont les seuls à effectuer la prise en charge complète des patients qu’ils transportent. Le développement des transports partagés est la seule piste d’économie dégagée avec l’Uncam. Notre source d’inquiétude porte sur le transport individualisé car les marges imposées restent très maigres et les entreprises rencontrent des problèmes de rentabilité ainsi que d’effectif pour pouvoir les assumer. Le cadre de la convention nationale doit permettre des ajustements locaux. Quant aux projets de plateforme, la profession est capable de s’organiser. Beaucoup d’entre nous travaillent déjà en groupement. Nous avons le savoir-faire et gardons l’humain au centre de nos entreprises.
Où en est la feuille de route de la profession définie avec le ministère des Transports ?
Le 14 mars dernier, les fédérations de taxi ainsi que l’UNIT étaient réunies à la DGTIM afin de faire le point sur cette feuille de route datant de 2016 et revue en 2020. Nous constatons que de nombreux sujets n’avancent pas, que ce soit la maraude, la réservation comme la lutte contre le racolage. Les dispositions sur les véhicules relais sont applicables depuis février 2024 mais le texte est très décevant. Le seul intérêt est le référencement sur la plateforme mesads.com quand on sait que dans certains départements, aucun véhicule relais n’est disponible. Néanmoins, cette plateforme ne simplifie pas la charge administrative et reste trop complexe. Par ailleurs, l’examen d’accès à la profession est un sujet crucial. Les plateformes VTC cherchent à niveler par le bas et la FNAT demande que la formation devienne obligatoire. Concernant le déploiement du registre numérique des disponibilités taxi le.Taxi, la verbalisation à 135 € pour défaut de connexion a déjà débuté dans certains départements et sera généralisée à partir de juillet. Pourtant, seuls 10 % des taxis parisiens sont d’ores et déjà référencés et aucune course n’a été enregistrée. Dans le Grand Lyon, malgré 70 % des taxis référencés via leur groupement, seule une centaine de courses a été enregistrée dont 11 % ont été refusées et 26 % n’ont pas obtenu de réponse de taxi. Concernant la mise en œuvre de l’e-facturation, nous avons fait une demande de dérogation car là encore, on s’éloigne de la simplification administrative pour les entreprises. Le projet de suppression de la TICPE a été gelé pour cette année, mais nous travaillons sur les compensations en vue de sa disparition. La transition énergétique pose également un problème car au-delà de l’autonomie, nous déplorons qu’aucun réseau de bornes réservées aux professionnels n’existe. Concernant l’expérimentation qui prévoit la transformation en VSL d’ADS détenues par des ambulanciers, nous demandons qu’un bilan soit réalisé. Nous avons fait appel de cette décision car nous ne savons pas ce que deviendront les ADS transformées. Enfin, nous déplorons que les commission locales T3P n’existent pas dans tous les départements. De plus, le Conseil national T3P n’a pas été réuni depuis 2019 alors qu’il devait le faire tous les ans. Nous suivons scrupuleusement l’évolution de cette feuille de route abordant les sujets clefs pour notre profession et donnons rendez-vous à l’ensemble des représentants des syndicats départementaux qui font vivre notre fédération les 24 et 25 mai 2024 à Vogüé en Ardèche pour notre congrès annuel.
Propos recueillis par HM

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