À peine les voyageurs sortis des quais, la station de la gare de Cannes se vide de ses taxis. Devant moi, une famille rage de n’avoir pas pu monter dans le dernier de la file. Tout en tentant de dompter sa marmaille turbulente, le père dégaine son smartphone en invectivant la profession jusqu’à ses ancêtres les fiacres. Le temps de quelques clics infructueux, trois taxis viennent de réapparaître à notre disposition…
À Paris, la longueur de la file d’attente de la station de la gare de Lyon fait le jeu des racoleurs qui scandent « Taxi, taxi, vous n’allez pas attendre, Madame ». Si le parking des taxis en attente est apparemment vide, ils arrivent au compte-goutte. En ¼ d’heure, montre en main, plus d’une vingtaine de prise en charge ont été réalisées…
Installée dans mon taxi, je défie mon chauffeur : « Alors, les taxis, c’est comme la graine de moutarde, c’est la pénurie ? Y a plus de taxis à Paris ? » Dans le miroir de son rétro, il me lance un regard noir. « Pénurie, pénurie, les clients n’ont que ce mot à la bouche. Dès qu’ils ne sont pas servis immédiatement, et de la meilleure qualité, les consommateurs s’en prennent aux producteurs. Tous le monde veut du local mais se moque des invendus comme du salaire de l’agriculteur. » L’arrivée en masse des touristes dans la capitale et la désillusion massive de nombreux chauffeurs ubérisés semblent s’être conjuguées pour perturber l’approvisionnement d’une clientèle qui a pris goût au transport public particulier de personnes.
« Mes collègues sont des pères ou des mères de famille qui ont le droit de prendre des vacances avec leurs enfants », reprend mon chauffeur. « Après ces années de covid, ils profitent de l’été pour aller voir leur famille. Si vous voulez plus de taxis, vous n’avez qu’à demander que l’on puisse mieux circuler ! Vous voulez la liste des travaux durant l’été ? L’A1, entre la Porte de la Chapelle, la Courneuve et le viaduc de Saint-Denis fermée dans les deux sens plusieurs jours ; l’A6 entre Évry et Wissous direction Paris ; le tunnel de la Défense sur l’A14 direction province, celui de Nogent sur l’A86… » « S’ils veulent plus de taxis disponibles pour la Coupe du monde de rugby et les JO de Paris en 2024, ils n’ont qu’à multiplier les voies de circulation réservées pour que de 10 courses par jour, je passe au double ! » s’échauffe-t-il. « Cette année, je m’arrêterai 15 jours en septembre. Je dois me faire opérer et mes collègues seront rentrés », conclut-il.
Taxi, un métier de liberté ?
HM
Retrouvez les éditions téléchargeables à partir du 15 septembre prochain ! D’ici là, restez en veille de l’actualité 100% TAXIS par emailing !
Bel été à tous !
Abonnement digital gratuit – S’abonner