Restrictions de circulation en 2024 et dans les zones à trafic limité, développement du réseau de bornes de recharge électrique, voies réservées, accueil en gare et en station, les préoccupations des taxis parisiens sont à la mesure des transformations engagées dans la capitale. David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie, répond à nos questions.

Quelles mesures de restriction de circulation s’appliqueront en 2024 ?
La lutte contre la pollution de l’air est un enjeu majeur de santé publique en France et notamment à Paris. Chaque année ce sont plus de 6600 personnes qui meurent en Île-de-France du fait de la mauvaise qualité de l’air. L’amélioration de la qualité de l’air à Paris est une de nos priorités pour ce mandat. Comme de nombreuses études scientifiques le corroborent, les véhicules diesels font partie des véhicules les plus polluants et émetteurs de particules fines responsables de nombreuses maladies respiratoires, cancers, etc. En 2024, comme la Maire de Paris l’avait annoncé dès 2017, les véhicules diesels seront interdits dans toute la zone intra A86. Cette mesure est progressive. Depuis le 1er juillet 2021, les véhicules Crit’Air 4 et 5 sont interdits dans cette zone. En 2022, ce seront les véhicules Crit’air 3 et en 2024 les véhicules Crit’air 2. Enfin, en 2030, la circulation des véhicules équipés de moteur thermique sera interdite dans cette zone.
Des dérogations seront-elles accordées pour le transport de personnes à mobilité réduite ainsi que la prise en charge de groupes en van ?
Comme dit précédemment, l’interdiction du diesel à Paris avait été annoncée par la Maire de Paris dès 2017. J’invite tous les professionnels et en particulier les taxis à anticiper l’application de cette mesure et à changer dès à présent de véhicule pour un véhicule avec une motorisation plus propre comme les véhicules électriques ou hydrogène. Il n’y aura pas de dérogations globales. Des dérogations révisables annuellement seront en revanche bien sûr prises s’il n’existe pas d’alternative aux moteurs thermiques.
Un déploiement des bornes de recharge électrique est-il programmé ?
La mise en place d’un maillage de bornes électriques de recharge est un sujet essentiel pour accompagner la transition vers des véhicules moins polluants. D’ici janvier 2022, nous aurons installé 2000 bornes de recharge électrique Belib’ sur l’espace public, elles permettront à tout un chacun de recharger son véhicule. Un système de réservation permettra à ceux qui le souhaitent de réserver une borne même quelques minutes avant utilisation. Par ailleurs, une étude de faisabilité est en cours pour étudier la possibilité d’équiper quelques stations taxis de ces bornes mais il faudra qu’elles soient accessibles à d’autres professionnels. Dix hubs seront également installés dans des parkings souterrains par la Ville qui électrifient également en recharge lente de nombreuses places. Cette offre sera complétée par des initiatives de sociétés privées. Enfin nous avons bien conscience que leur coût est élevé à l’achat mais des aides à l’achat existent et cela permet de faire des économies substantielles sur les coûts quotidiens d’utilisation. À ce titre, pour les aides comme pour l’installation de bornes, nous jouons notre rôle d’aide et de facilitateur pour la transition vers des motorisations moins impactantes pour l’environnement.
Pensez-vous réévaluer la subvention allouée afin de soutenir l’investissement des professionnels dans des véhicules conformes aux prochaines exigences écologiques ?
Nous sommes en train de travailler avec la métropole du Grand Paris à la refonte globale des aides aux professionnels. De nombreuses aides, qui se cumulent, sont d’ores et déjà disponibles afin que les professionnels puissent changer de véhicule pour passer à un véhicule basses émissions. L’ensemble des informations peut être consulté sur cette page : Les aides financières pour inciter à des mobilités propres – Ville de Paris.
Le renforcement du réseau de voies réservées est-il à l’étude ?
Depuis le début de cette mandature, nous avons mené de nombreuses transformations de l’espace public parisien. Lors de ces opérations de transformation, j’ai souhaité que l’on préserve les voies réservées et que de nouvelles soient créées à l’image des coronabus à Alésia par exemple. D’autres voies bus ont été élargies comme avenue de l’Opéra pour faciliter la cohabitation avec les vélos. Enfin, des études sont en cours pour créer des couloirs bus sur les grands boulevards et Saint-Germain par exemple. Dans tous les cas, développer et sécuriser les couloirs bus est une priorité.
Les taxis pourront-ils accéder à la zone à trafic limité Paris-centre ?
Nous souhaitons supprimer le trafic de transit dans cette zone à trafic limité afin notamment de réduire la pollution. Cette mesure concerne le trafic de transit et non le trafic de destination, elle permettra de supprimer environ 50 % du trafic actuellement dans la zone. Les artisans, les taxis ne sont pas concernés par la mise en place de cette zone et pourront continuer à y travailler et circuler sans changement. Le plan de circulation sera néanmoins adapté pour limiter la circulation, des concertations ont déjà eu lieu et continuent à avoir lieu sur le sujet pour associer l’ensemble des parties prenantes.

De nombreuses gares souffrent d’une organisation qui entrave leur desserte par les taxis. Des améliorations sont-elles à espérer ?
J’ai tout à fait conscience des difficultés rencontrées dans certaines gares. De nombreuses améliorations ont d’ores et déjà été apportées notamment à la gare de Lyon. Les solutions ont été travaillées en concertation avec les syndicats de taxis et fonctionnent bien même si des difficultés persistent actuellement au niveau de la sortie, des propositions sont dans ce cadre à l’étude. À Saint-Lazare, la demande de taxis est moins importante et une station sera recréée à la sortie côté rue d’Amsterdam. Pour ce qui concerne la gare Montparnasse, le réaménagement de son parvis va permettre une reconfiguration complète, les taxis seront bien sûr associés à ce projet. Enfin, un protocole des gares a été signé avec Gares & Connexions, cela va permettre des engagements et des réalisations concrètes dans les prochains mois sur le sujet.
Quels sont vos projets pour les stations, qui sont au cœur du service taxi ?
La Ville a déjà investi pour équiper, en concertation avec les organisations syndicales, 40 stations d’abris voyageurs et 60 stations de nouvelles bornes d’appel taxis en 2020. Ces bornes fonctionnent de la même façon que les anciennes mais ne sonnent plus pour limiter les nuisances sonores, elles clignotent. La liste des numéros de téléphone de chaque borne est disponible sur Taxis – Ville de Paris. À l’occasion de la réforme du stationnement votée en juillet dernier, j’ai souhaité un engagement fort de la Ville sur le sujet avec la création de 100 nouvelles places taxis durant cette mandature.
Propos recueillis par HM
Plus d’info :
Les aides financières pour inciter à des mobilités propres – Ville de Paris