Après plusieurs mois de restriction et de température en dessous des normales saisonnières, la réouverture des lieux de culture, des commerces non essentiels et des restaurants est partagée avec euphorie. Avec l’arrivée du beau temps, les rues se transforment en terrasse géantes, les restaurateurs assaillis rajoutent des couverts pour le plus grand bonheur des clients et la plus grande confusion des piétons.
Le 9 juin prochain, le couvre-feu sera repoussé à 23 heures, le télétravail assoupli, les salles de sport rouvertes… Seuls le masque des passants et les bouteilles de gel hydroalcoolique dispersées sur les tables rappelleront la circulation encore active du virus. L’épisode pandémique pas vraiment terminé, les spécialistes s’interrogent déjà sur le prochain. « Nous sommes à l’âge des virus où 9 milliards d’hommes bougent tout le temps ! », prévient l’historien de la santé Patrick Zylberman.
Si la pénurie de vaccins ne semble plus source d’inquiétude, celle des composants électroniques risque quant à elle de gripper la reprise des rouages de notre économie. Ils sont la puce de nos smartphones, celle de nos appareils électroménagers et intègrent de nombreux composants de nos voitures. Cette pénurie mondiale « affecte les productions de voitures neuves et le fait que certaines usines ont été mises à l’arrêt temporaire retarde naturellement les livraisons de véhicules », explique un cabinet spécialisé. Seul le constructeur nippon Toyota semble tirer son épingle du jeu. Inventeur du « juste-à-temps », méthode consistant à limiter les stocks au maximum pour réduire les coûts en imposant des délais ultraserrés, le groupe japonais a su tirer les enseignements du désastre de Fukushima de 2011 et réalisé un audit approfondi de sa chaîne d’approvisionnement. L’objectif : être capable de réagir plus vite en cas nouvelle crise. Face à la pandémie, il est resté agile et capable d’anticiper les stocks sur les composants critiques. À bon entendeur !
Hélène Manceron