La Journée internationale des droits des femmes de ce 8 mars dernier a donné l’occasion de faire un point annuel sur l’évolution de la parité dans nos sociétés. Si l’index de l’égalité professionnelle femmes-hommes – obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés –, publié par l’INSEE pour l’occasion, reste mitigé, les femmes sont de plus en plus présentes dans le secteur de l’artisanat.
Qu’en est-il dans le taxi ?
Depuis les pionnières
Comme d’habitude dans le taxi, difficile d’obtenir des chiffres fiables sur la profession. Estimées à 5 % des quelque 20 000 taxis parisiens, les femmes ne représenteraient que 1 % des taxis new-yorkais. Alors qu’en 1905, un journaliste du Figaro avançait que « l’art de conduire une automobile ne deviendra jamais un métier de femme », Thomas Thévenoud raconte dans son livre TAXI(S) ! que « dès cette époque, des femmes se lancent dans l’aventure du taxi. La première s’appelle Mme Decourcelle. Déjà cochère, elle obtient en 1908 son diplôme de chauffeur de taxi et devient la première à conduire une automobile dans Paris. » Aujourd’hui, les véhicules ne se démarrent plus à la manivelle mais les métiers du transport et de la logistique comme ceux de l’automobile restent majoritairement exercés par des hommes. Le rapport d’information du Sénat sur « les femmes et l’automobile » publié en 2016 pointait déjà la persistance des clichés et des stéréotypes sur les femmes au volant « alors que les statistiques de l’accidentologie routière démontrent une conduite plus respectueuse du code de la route de la part des femmes » !
Un symbole d’émancipation
En choisissant un métier synonyme de liberté et d’indépendance, les femmes taxis deviennent le symbole de l’émancipation des femmes dans de nombreux pays. Dans son édition du 24 février, Le Monde rapporte le témoignage d’Asha Mohamed, jeune Somalienne qui sillonne depuis un an les rues de Mogadiscio dans son taxi blanc, bravant le conservatisme religieux ainsi que le fonctionnement clanique et patriarcal de la société somalienne. Le 9 mars, on pouvait découvrir dans Libération et sur RTL les « taxi driveuses de New Delhi », telle Deepa qui s’est lancée dans l’aventure grâce à l’ONG delhienne Azad, malgré l’opposition de son père… qui a fini par changer d’avis lorsqu’elle est revenue avec son premier salaire ! Aujourd’hui, son rêve « c’est que toutes les voitures soient conduites par des femmes ! » Sans oublier Zahida Kazmi au Pakistan ou encore Habibata Gansgné au Burkina-Faso…
Un métier d’avenir
En France, les freins sociaux demeurent encore présents mais la profession se féminise. « On choisit le métier autant par passion que par nécessité. Je suis d’une famille de taxi et j’ai toujours aimé conduire. Lorsque je me suis retrouvée dans une impasse professionnelle, ma reconversion m’a semblée évidente », témoigne Lyn, taxi parisien depuis 17 ans. « Quand j’ai commencé, mon enfant était en bas âge. Maintenant, elle m’aide à préparer mon taxi avant le service. Être maman et taxi est tout à fait compatible si on sait s’organiser. Le taxi est vraiment un métier pour les femmes. Les nouvelles technologies ont révolutionné le métier. Elles permettent d’optimiser le temps de travail, de garantir notre sécurité et de maintenir une surveillance à distance de la maison ! Il faut être multitâche », confie Hakima. Et si le machisme de certains collègues reste encore pénible, nombreuses sont les organisations professionnelles dont les femmes participent à la direction et dont ce 8 mars a permis de souligner le professionnalisme.
HM
- Les prénoms ont été modifiés.


Plus d’infos :
« Les femmes et l’automobile » – Rapport d’information du Sénat, septembre 2016 – Accéder au document