La tempête Bella a imposé son propre confinement. Pas besoin de contrôler le respect du couvre-feu ni de fermer certaines frontières, les abondantes chutes de neige ont bloqué les routes et paralysé les déplacements de nombreuses régions de l’Hexagone. Offrant des paysages que l’on croyait disparus depuis le début du réchauffement climatique, les remontées mécaniques à l’arrêt malgré une neige généreuse soulignent l’absence du tourisme de masse.
À travers le monde, les pays sont entrés en compétition pour la vaccination de leurs citoyens. Malgré le discours alarmiste des autorités sanitaires, fêtes illégales, réveillons invitant à une « tenue correcte exigée et test PCR obligatoire », dîners au restaurant le rideau baissé, se sont organisés. La menace pèse sur ceux qui se seront risqués à aller skier ! Chacun compose avec les gestes barrière alors que le gouvernement menace de la facture sanitaire. L’obsolescence programmée des directives aurait-elle démotivé les plus disciplinés ?
Au pays des taxis, le transport public particulier de personnes est devenu une jungle. Malgré les évolutions récentes des règles du secteur, le peu de considération de l’activité par les autorités et la rapacité des plateformes de mise en relation avec un VTC ont faussé le jeu. Deux lois pourtant, l’une corrigeant les faiblesses de l’autre, mais des dispositions clefs toujours pas appliquées. Les taxis ont mis en œuvre toutes les nouvelles directives : carte bleue, incessibilité des nouvelles licences, tarifs réglementés maintenus au plus bas, évolution de la carburation de leur véhicule… L’engagement des chauffeurs pour la qualité de service auprès des populations a réussi à reconquérir une clientèle un temps détournée par l’attrait de la nouveauté. Quant aux chauffeurs de VTC, ils sont devenus le symbole des sacrifiés de l’ubérisation. Ils cherchaient un travail ? ils ont pris un crédit véhicule. Ils rêvaient d’indépendance ? ils sont aux ordres d’un algorithme. En cette fin d’année 2020, il est facile de trouver des tutos pour acheter sa formation ; à Roissy, les forces de police ont démantelé un réseau de transports illégaux impliquant des centaines de chauffeurs ; les témoignages de client floués et mis en danger par des chauffeurs aux abois ne tarissent plus.
2021 sera-t-elle l’année où le ministère des Transports mettra en application l’article 2 de la loi n° 2016-1920 du 29 décembre 2016, dite Grandguillaume, celle où, sortis de la pandémie, nous auront le plaisir de voir les Gafa payer leurs impôts, où les fonctionnaires de l’éducation, des forces de l’ordre ou de l’administration seront respectés pour leur contribution à la liberté, l’égalité et la fraternité des citoyens de notre démocratie ? 2021 sera peut-être l’année où il ne sera pas inimaginable d’attendre un taxi à Paris quand les conditions de circulation sont à la neige… À nous de voir.
Au plaisir de construire avec vous cette nouvelle année.
Bonne année à tous !
Hélène Manceron