Poursuivant son parcours législatif, le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) est en cours d’examen par la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale jusqu’au 23 mai prochain. Inquiets d’une rédaction qui pourrait permettre le développement d’une concurrence déloyale ainsi que la remise en cause de la réglementation fraîchement modernisée du secteur, les organisations professionnelles de taxis ont appelé à la mobilisation. Pendant ce temps, les actionnaires d’Uber perdent des milliards en Bourse.
Manifestations programmées
Réunie en Intersyndicale nationale taxis, FFTP, FNAT, FNDT, FNTI et UNT ont « conclu unanimement que cette loi porte atteinte à l’exercice ainsi qu’à la pérennité de notre métier et ce de façon consubstantielle. Nous avons décelé une volonté avérée du législateur de n’avoir que pour but une mise en concurrence des taxis versus VTC et ce de façon déloyale […] Toutes ces raisons et l’impact potentiel pour nos concitoyens amènent les professionnels que nous sommes à alerter l’ensemble de notre secteur d’activité, en vue d’actions à partir du mardi 28 mai, marquant ainsi le début de notre mobilisation, sans durée déterminée. » Dénonçant un projet de loi « toxique » et reprochant aux pouvoirs publics de vouloir « taxiser » leur concurrence, la CFDT, Elite taxi, la CGT et Sud taxi ont quant à elles invité leurs adhérents à un premier round de mobilisation le 20 mai prochain en solidarité avec les ambulanciers et les auto-écoles.

Goutte d’eau faisant déborder le vase, la LOM est venue à bout de la patience dont la profession fait preuve depuis 3 ans.
Partisans de l’innovation durable
Après 3 ans d’accalmie, les fédérations déplorent le silence du ministère des Transports sur leurs demandes de précisions et sollicitent un entretien avec le Premier ministre. En effet, sans être opposées au développement des mobilités alternatives à l’utilisation de la voiture particulière – premier concurrent du service des taxis –, elles redoutent l’ouverture des voies réservées, la possibilité pour les autorités organisatrices de la mobilité de créer des espaces de stationnement pour les VTC alors que ceux-ci sont réglementairement obligés de stationner hors de la voie publique en attente de réservation, le développement du covoiturage rémunéré et la création de « taxis amateurs » dans les zones peu denses. Bérangère Couillard, députée LREM de Gironde, a certes auditionné les représentants des taxis, des chauffeurs de VTC et de leurs plates-formes numériques lors de trois tables rondes organisées par la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, mais c’est le seul Dara Khosrowshahi, patron d’Uber, qui aura eu, ce mercredi 15 mai, les faveurs d’un entretien avec le président de la République…
Licorne désenchantée
Si la teneur de cet échange n’est pas encore connue, on doute que le patron de la multinationale se soit vanté de ses résultats en Bourse le 10 mai dernier. Même si deux jours plus tôt, les chauffeurs VTC partenaires d’Uber avaient lancé un appel international à la déconnexion afin de dénoncer leur précarité, il semblerait que ce soit le défaut de trésorerie de la licorne qui démotive les spéculateurs. Annoncée comme l’une des plus importantes introductions boursières dans le secteur de la technologie, l’action Uber a démarré en chute libre : – 17 % pour ses deux premiers jours, soit 12 milliards de dollars de capitalisation boursière évaporés ! Il s’agirait de la plus grosse perte au premier jour de cotation depuis la bulle Internet il y a 20 ans… HM
Plus d’infos :
• LOM – Dossier législatif – Accédez au site de l’Assemblée nationale
• Retransmission des réunions de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire sur le portail vidéo de l’Assemblée nationale – Accédez au site