BD : Michel de la Teigne, Épisode #53

En voilà deux qui sont très mal tombés ! Me faire rentrer dans une secte, moi ? Essayez donc d’emmener Depardieu dans un bar à jus. Ou Sarkozy à un de ses procès…
D’habitude, les recruteurs des sectes sont plus fins que ça. Un bon rabatteur de secte a les mêmes qualités qu’un cochon truffier : il sait ce qu’il cherche et se trompe rarement. Ses cibles préférées sont toutes les personnes en situation de faiblesse : les chômeurs, les immigrés déracinés, les malades physiques ou psychiques, les personnes âgées, les idéalistes… Oui, dans notre monde, être idéaliste – un compliment dans ma bouche – est une forme de faiblesse, évidemment : vous êtes si mal adapté à votre environnement, hélas.
Après le repérage, le rabatteur séduit sa cible par son sourire et la met en confiance grâce à son apparence irréprochable. Regardez une pub pour du dentifrice, c’est exactement la même méthode. Puis commence l’endoctrinement : on répète les mêmes messages à la victime, inlassablement – c’est le principe du chapelet : ça empêche de réfléchir. On lui impose des rituels d’initiation – comme la bar-mitzvah – on lui demande de se confier, de s’abandonner – comme au confessionnal… On lui fixe un emploi du temps rigide – comme les 5 prières quotidiennes de l’islam – pour l’enserrer encore un peu plus…
Tout cela isole la personne de sa famille et de ses amis. C’est le moment de porter l’estocade : le lavage du cerveau et du compte en banque peut avoir lieu. Et si tout a bien fonctionné, on a même un nouveau rabatteur bien docile… Bref, si l’enfer existe, c’est une secte.
On entend souvent dire qu’une religion, c’est une secte qui a réussi. C’est assez juste : même à l’époque de Jésus-Christ – où personne n’allait à l’école – il fallait être très persuasif pour faire croire à des milliers de naïfs qu’un barbu marchait sur l’eau et rendait la vue aux aveugles. Voilà donc une escroquerie réussie. Aujourd’hui, c’est plus difficile : l’instruction publique est une chose merveilleuse, qui nous met à l’abri de pareilles sottises… en théorie.
Car si nous sommes mieux armés qu’au Ier siècle, les sectes le sont aussi : elles ont le marketing. Un genre de lance-roquettes à cerveaux, à en juger par la stupidité consumériste des gens après une campagne de pub – pour l’iPhone X, par exemple. Alliées à la perte de sens de nos vies professionnelles, les techniques du marketing sont redoutables pour effriter l’esprit critique qui est censé nous défendre.
Alors restons vigilants : l’obscurantisme rôde. L’intelligence d’un peuple n’est jamais acquise. Mangez des témoins de Jéhovah.
Michel de La Teigne

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À l’occasion des numéros d’été, notre rédaction a eu le plaisir de vous faire découvrir un chauffeur de taxi au parcours hors normes. Philosophe de formation, doté d’un coup de crayon qui n’a rien à envier aux illustrateurs de BD confirmés, Michel de la Teigne égratigne en huit cases et avec un humour acide les travers et incohérences de notre société, sans pour autant s’épargner ! Si vous souhaitez continuer à lire les épisodes de Michel de la Teigne, nous vous invitons à vous inscrire à sa liste de diffusion et à le soutenir afin qu’il puisse continuer à lâcher son volant pour prendre ses crayons !
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