Organisée pour la première fois depuis l’application du décret de gouvernance relatif aux dispositions de la loi du 29 décembre 2016, la commission d’Île-de-France, dite commission T3P-Idf, s’est tenue le 21 décembre dernier. En présence des différents représentants du secteur (taxis, VTC, 2-roues, État et collectivités territoriales, usagers), elle a permis de confronter les enjeux. Nordine Dahmane, secrétaire général FO-UNCP, répond à nos questions.

Nordine Dahmane, secrétaire général FO-UNCP
Quelles sont les principales problématiques soulevées lors de cette commission ?
La circulation et le stationnement restent des enjeux forts. Par exemple, les VTC ont tenté de revendiquer un accès aux voies bus-taxis, déjà empruntées abusivement par eux-mêmes et les 2-roues, mais les organisations professionnelles taxis ont réagi contre. Il a été rappelé que cela n’était pas du ressort de la commission T3P et nécessiterait une modification du code de la route. D’ailleurs, les pouvoirs publics répondent par une vidéoverbalisation massive de ces axes de circulation… avec, pour dommage collatéral, la verbalisation abusive de nombreux confrères taxis qui déposent leur client alors que la chaussée est une voie de bus ! Nous avons également interpellé la mairie de Paris sur la modernisation de l’équipement des stations – deux ans que nous attendons la mise en place de bornes intelligentes – ainsi que sur leur redéploiement. Certaines situations sont critiques telles qu’au Louvre ou sur la place de la Concorde ! Enfin, nous avons fait remarquer que la voie dédiée entre l’aéroport Paris-CDG et la capitale était inopérante et fragilise les forfaits taxis. En conséquence, nous avons demandé à la DGCCRF de suspendre l’application de ces forfaits le temps que les accès dédiés aux aéroports soient rétablis.
La commission T3P-IdF est-elle un nouvel atout pour la gouvernance du secteur ?
La commission regroupant les pouvoirs publics, les consommateurs, les taxis, les VTC et les motos n’est pas là pour prendre des décisions mais pour partager les attentes des acteurs du secteur. Pour nous, c’est l’occasion de faire remonter les informations du terrain. De fait, c’est en sous-commission que les décisions seront prises pour chaque profession. Une première sous-commission taxi devrait être organisée ce premier semestre 2018, suivie d’une commission VTC ainsi qu’une destinée aux motos sans qu’aucune des trois puisse participer aux décisions relatives aux autres ! De plus, les nouvelles conditions de représentativité imposées par les pouvoirs publics vont dans le sens de ce que souhaitait la profession : la réduction du nombre de syndicats participant à la gouvernance du secteur. Aujourd’hui les organisations représentatives des chauffeurs sont identifiées et il appartient aux chauffeurs de s’y investir afin de participer à l’évolution de la profession.
Quels sont vos vœux pour ce début d’année ?
Je souhaite de tout cœur que 2018 soit meilleure que 2017 ! J’espère que plus de taxis s’impliqueront dans le métier en investissant les organisations professionnelles. Il ne faut plus rester spectateur mais devenir acteur de notre métier, faire valoir son opinion dans le souci de l’intérêt général afin que les choses changent. À Paris, nous disposons d’un siège pour représenter les taxis indépendants et d’un second afin de représenter les salariés des entreprises de taxi. Élue majoritairement représentative par les salariés des TPME, notre organisation professionnelle est également présente à Strasbourg, dans le Lot-et-Garonne ainsi qu’en Bretagne. Afin d’assurer des perspectives à notre métier, nous avons insisté auprès de la ministre des Transports afin qu’aboutissent rapidement les décisions réglementaires sur l’agrément des plates-formes et la maraude électronique. Nous avons également demandé que soit réactivé le projet de fonds de garantie. Face à une concurrence déloyale révoltante, notre mobilisation pour la qualité de notre service a réussi à ramener les clients vers nous. Malgré notre impatience, n’oublions pas qu’un mouvement de blocage est toujours très impopulaire et demeure un dernier recours.
Propos recueillis par HM