Les primaires de la droite venant de livrer leur verdict, les compétiteurs à ce préliminaire de l’élection présidentielle 2017 n’ont pas fait l’impasse sur l’ubérisation de l’économie. Vainqueur dans sa catégorie, François Fillon, ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, a été à l’initiative de la création du régime autoentrepreneur, nouvelle facilité fiscale sur laquelle se sont appuyées les plate-formes disruptives pour développer leur intermédiation en surfant sur la vulgarisation de la technologie numérique. Lors du France Digital Day qui réuni fin septembre, entrepreneurs, investisseurs et acteurs publics de la French Tech et de l’économie numérique, François Fillon affirmait sa volonté de renforcer le « statut de prestataire indépendant pour permettre à tous les Français qui veulent proposer leurs services de le faire ». À cette fin, il proposait de mettre en place un « contrat de trois ans pour permettre à ces prestataires de travailler pour des entreprises sans que l’administration vienne transformer ça en contrat de travail ». Une porte ouverte au despotisme des intermédiaires numériques… ?
« Que vous preniez un taxi, que vous achetiez un téléphone ou que vous payiez votre facture EDF, on vous envoie des enquêtes de satisfaction pour que vous notiez le service. Vous devenez le boss de l’autre, le dominant. C’est terrorisant car cela s’applique à des travailleurs ! Il s’agit de personnes qui ont le besoin impérieux de garder leur travail. On met le consommateur dans la position d’un délateur. Et le pompon, dans certains domaines, c’est de créer un leurre démago du côté du dominé en lui permettant à son tour de noter le client. Sous un prétexte égalitaire, on crée une culture de l’anonymat et de la délation », rétorque Isabelle Adjani lors d’une interview*. Une lucidité de propos qui motiverait plus d’un à voter pour l’actrice !
Hélène Manceron
* »Carole Matthieu« , de L.-J. Petit, diffusé le 18/11/16 sur Arte, en salle le 7 décembre. Adaptation du roman « Les Visages écrasés » de M. Ledun, éd. Seuil.