« Si c’était illégal, l’application ne serait pas autorisée au téléchargement sur les stores Apple ou Android France », protestent les crédules. En attendant que la loi Grandguillaume et les procédures en cours portent leurs fruits, Uber et ses homologues jouent la montre. Reste que l’opposition rencontrée en France est loin d’être exceptionnelle… Tour d’horizon des pays où le géant californien s’est vu obligé de rentrer dans le rang ou fermer boutique.
L’Asie, c’est fini !
Avec le plus grand nombre d’habitants au monde, des transports en commun en développement et une demande de taxi qui excède l’offre, le marché asiatique semblait prometteur pour Uber. Pourtant, en Chine continentale, effrayés par les millions engloutis pour pénétrer le marché chinois, les investisseurs de la multinationale ont décidé d’arrêter les frais et de signer un partenariat avec le concurrent local. À Taïwan, après 3 ans d’existence, la société californienne est en passe de quitter l’île malgré d’ultimes négociations avec le gouvernement qui estime que l’application viole les réglementations en vigueur. Au Japon, enfin, Uber n’a bénéficié d’aucune tolérance. Considéré dès son arrivée comme illégal, il a échoué à s’imposer face à un service taxi de haute qualité et une culture du respect de la loi plus forte que la fascination marketing et les prix cassés.
Opposition mondiale
La liste des pays ayant refusé le kidnapping du transport individualisé de personnes ne s’arrête pas là. Comme son principal rival, l’application a décidé de cesser son activité aux Émirats Arabes Unis. Vaincu par ses litiges avec l’administration et l’agressivité commerciale entre concurrents, Uber vient également de capituler dans ce pays du Golfe pour des raisons de « tarification déloyale »… et après l’arrestation de plusieurs chauffeurs de partenaires ! En Hongrie, refusant de se soumettre à l’obligation de disposer d’un central radio et de contrôler ses chauffeurs, Uber a préféré jeter l’éponge cet été, tout en annonçant sa volonté de déposer plainte auprès de la Commission européenne pour violation de la liberté d’établissement et des législations européennes sur les services et le commerce en ligne.

Ubérisés par leurs plates-formes numériques, de nombreux VTC maraudent
et participent à l’engorgement de la voie publique des métropoles mondiales.
Procédures tous azimuts
Les multiples procédures d’envergure dans laquelle elle se retrouve impliquée inquiètent de plus en plus les actionnaires de la start-up XXL. En Suisse, l’UNIA, principal syndicat de salariés du secteur privé, a sommé officiellement les autorités helvètes de sévir contre Uber. Gestionnaire de la plus importante des caisses de chômage, il dénonce l’irresponsabilité de la société face à ses obligations patronales, notamment les cotisations sociales. Au Royaume-Uni – pourtant réputé pour son libéralisme –, le troisième syndicat du pays a également assigné l’application en justice. Au Canada, la situation reste sous tension : tandis qu’à Ottawa, certains taxis ont engagé des poursuites judiciaires contre leur municipalité, jugeant que les pouvoirs publics de la ville ont manqué de fermeté contre Uber, à Québec, la ville s’apprête à rendre public son projet de loi sur les services de transport par taxi qui doit entrer en vigueur le 8 septembre prochain. Favorable au développement de l’économie numérique, le ministre québécois des transports se dit prêt à collaborer avec la multinationale « tant qu’ils restent de bons joueurs corporatifs, qu’ils paient leurs impôts et font leurs prélèvement de taxes ».
HM