Alors que les débats se focalisent sur la licence des taxis, la voie publique, attaquée de toute part, notamment en milieu urbain, semble connaître le sort de la forêt amazonienne. À Londres, dont les taxis étaient montrés jusqu’alors en exemple, les véhicules ubérisés ont envahi les rues au détriment de la circulation, de la qualité de l’air et de la tranquillité des riverains. À Paris, les stations de taxis sont prises d’assaut, les bornes ne fonctionnent plus et le maraudage fait rage, même si la municipalité semble faire vœu de changement.
Super Bowl en exclu
Les grands événements – foires internationales, expos, festivals, rendez-vous sportifs – sont une manne de clientèle pour le transport individualisé de personnes. Uber l’a bien compris et a remporté le jackpot en ce début d’année en négociant l’exclusivité du Super Bowl qui s’est déroulé le 7 février 2016 en Californie. Malgré les mouvements sociaux annoncés par ses conducteurs en révolte contre leurs conditions de partenariat, la multinationale a réussi à capter l’événement sportif planétaire en écartant les taxis et Lyft, l’un de ses grands rivaux californiens. À Lyon, en revanche, le coup de poker d’Uber a été déjoué par les taxis. La Maison des taxis du Rhône et la Fédération des taxis indépendants 69 sont, en effet, parvenus à dissuader Michel Aulas, le très médiatique président de l’Olympique lyonnais, de conclure un partenariat exclusif avec Uber et ont même obtenu la promesse que serait créée prochainement une station dédiée au cœur du parc OL.
Londres envahie
Dans la capitale britannique, la situation est devenue incontrôlable. Les minicabs sont plus nombreux à circuler en centre ville en pleine journée que les fameux black cabs. Ces VTC britanniques, dont le nombre a explosé depuis 2013 – création d’Uber fin 2012 –, atteignent aujourd’hui un parc de 95 000 véhicules, soit +26 %. Face à cela, Boris Johnson, le maire de Londres, après avoir échoué à imposer un délai de réservation, envisage de soumettre les minicabs au péage urbain au même titre que les véhicules particuliers. Les problèmes à résoudre : l’augmentation de la pollution (Londres détient le triste record du taux le plus élevé de dioxyde d’azote de toutes les capitales d’Europe), la hausse de la circulation (plus de 10 % des véhicules entrant dans le centre de Londres sont des VTC) et des troubles à l’ordre public. En effet, les riverains de l’aéroport international Londres Heathrow se plaignent des dizaines de VTC qui encombrent désormais leurs rues et leurs parkings en attente d’une course, dès 5 heures du matin, moteur tournant, radio à plein régime et des monceaux de déchets qui jonchent leur quartier …
Bornes à saisir !
À Paris, la Municipalité semble ignorer les taxis. Aucun commentaire n’a été partagé par la mairie sur les tensions entre taxis, VTC et Loti pourtant palpables dans les rues de la capitale. Le lancement fin 2014 de l’appli municipale, Paris Taxis, a été un échec. Pire encore, il a alimenté une image ringarde et technologiquement obsolète du service des taxis parisiens et donné prétexte au démantèlement de bornes dont le nombre est passé de 130 à 93 entre août et décembre 2014. Alerté par les taxis, qui doivent chacun s’acquitter d’une taxe municipale pour leur activité sur la voie publique, ainsi que par certains élus, Christophe Najdovski, adjoint d’Anne Hidalgo en charge des transports, assure s’être déjà attelé au problème de l’implantation et de la modernisation des bornes et qu’une nouvelle version de l’appli devrait voir le jour en avril. Un « vœu pour de meilleures conditions d’exercice des taxis parisiens dans l’intérêt des taxis et des usagers » devrait être porté par Danielle Simonnet, élue du 20è arrondissement, au Conseil de Paris des 15, 16 et 17 février prochains. On ne demande qu’à voir…
LT