Convoitée par les VTC et leurs applications smartphones, la maraude électronique est au cœur de l’avis rendu le 22 mai dernier par le Conseil d’État. Déterminé à soutenir la profession, le Premier ministre a créé une mission de développement de l’open data des taxis qu’il a confiée à André Dorso, haut fonctionnaire au fait du sujet puisqu’il a été l’un des rapporteurs de la mission de concertation menée par Thomas Thévenoud.
Pouvez-vous nous expliquer le projet open data taxi ?
Il s’agit de la création d’un registre géolocalisé des taxis qui constitue l’objet de l’article 1er de la loi Thévenoud. Il prévoit la mise à disposition par Etalab* d’un registre temps réel destiné à promouvoir la maraude électronique (réservation immédiate par smartphone) pour les taxis et, in fine, à leur offrir ce nouveau mode de distribution, complémentaire de la maraude sur la voie publique. Pendant 20 ans, la réglementation de l’activité des taxis avait peu évolué contrairement à la société et à la demande de mobilité. Notre ambition n’est pas de créer un nouveau jouet numérique, mais un outil de développement de l’accès immédiat aux taxis. Le cadre de la loi est explicite et sanctuarisé par la décision du 22 mai 2015 du Conseil constitutionnel. L’open data du taxi a pour objet de permettre aux taxis de reconquérir le marché de la maraude. Toute autre utilisation telle que la mise en place de « cyberboers » ou le développement de la géolocalisation pour le TAP** obligerait à modifier la loi.
Que faut-il pour qu’il aboutisse ?
Le projet est né de la conjonction entre la modernisation des taxis impliquant le cadrage de l’activité VTC avec le développement de la technologie smartphone. Le projet a un pied dans la profession et l’autre dans la technologie. Il est important de marcher sur ses deux jambes ! Pour sa réussite, une synergie est nécessaire. La puissance publique veut apporter sa contribution, mais la modernisation viendra des chauffeurs eux-mêmes et ne pourra pas se faire sans eux. Nous souhaitons renforcer la convergence entre la demande accrue de mobilités et les nouvelles technologies. C’est aussi un argument de transparence prometteur pour l’activité des taxis. Notre projet se développera en partenariat avec les applications et centraux taxi auxquels sont affiliés les chauffeurs, ainsi qu’avec les moteurs de recherche tels que Pages Jaunes par exemple qui ont participé au Hackathon*** sur l’Open Data des taxis le 27 avril 2015.
Quelles sont les prochaines étapes ?
C’est une démarche nouvelle mais notre organisation est très réactive. Depuis que le Premier ministre m’a confié cette mission en mars 2015, nous avons réalisé le Hackathon et animons des séances de travail avec les partenaires toutes les deux semaines au Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP). Nous avons engagé une démarche pragmatique où la notion d’open data des taxis a déjà évolué en cherchant les solutions d’amélioration de la maraude électronique. Ce n’est pas un projet d’application spécifique mais une opportunité pour mutualiser les qualités de l’industrie du taxi. En juillet prochain, nous devrions débuter une période de test technique pour une mise en exploitation en octobre/novembre et un développement début 2016. Il y a un énorme travail de codage pour intégrer l’ensemble des autorisations de stationnement. C’est une réalisation complexe, mais un formidable outil à venir pour la gestion du parc des taxis de France. Dans les politiques de transport, le taxi est souvent oublié. Il faut le remettre dans la mobilité. L’open data publique permettra d’améliorer l’intermodalité.
HM
Plus d’info : https://wiki.opentaxi.fr/index.php/Accueil
* Service du Premier ministre chargé de créer un portail unique interministériel des données publiques françaises. Etalab administre depuis 2011 le portail d’open data français data.gouv.fr.
** Transport Assis Professionnalisé : désigne le transport de malades assis.
*** Séance de travail opérationnel