« Faire grève est un droit mais travailler est un devoir », assène le Premier ministre alors qu’un mouvement social de grande ampleur vient perturber le chassé-croisé hivernal des vacanciers. Le flash info terminé, mon taxi éteint la radio. « Vous l’avez échappé belle en prenant votre train aujourd’hui ! » commente-t-il pour engager la conversation. « C’est vrai, nous aurions été bien embêtées. Le chantage aux vacances semble être devenu un moyen de pression incontournable pour les syndicats du ferroviaire. » « Vous savez, une grève qui ne dérange personne ne sert à rien sauf à affaiblir encore plus les grévistes », me rétorque-t-il. « Les gens devraient être solidaires. Les cheminots aussi ont des enfants en vacances scolaires et leur seule certitude dans cette action est une baisse de leur salaire à la fin du mois. Je me souviens il y a quelques années, lors d’une grève des trains, des collègues avaient pris en charge gratuitement des enfants qui n’auraient pu passer Noël avec leurs parents. »
Déjà, des sénateurs proposent d’instaurer 60 jours annuels d’interdiction de grève pour les « personnels des services publics de transport ». S’essayant au chantage affectif, le chef du gouvernement a renchéri : « On doit permettre à des Français qui travaillent toute l’année et qui, pour quelques jours, ont probablement envie de pouvoir retrouver leur famille, leurs proches, de pouvoir le faire. » Tiraillée entre intérêt personnel et conscience collective, l’opinion publique rechigne à apporter son soutien aux cheminots à l’inverse de ce qu’elle a fait récemment envers les agriculteurs.
En marge de la manifestation des taxis du pays de la Loire organisée ce début de semaine alors que le mouvement engageait sa dispersion après deux jours de mobilisation, les chauffeurs remarquent une religieuse très inquiète. S’informant sur les motifs de son trouble auprès des forces de police, ces dernières leur expliquent qu’elle a raté son avion pour Toulouse où elle devait retrouver son frère hospitalisé pour une greffe. Émus par la situation, les chauffeurs manifestants se sont cotisés pour payer la course jusqu’à l’hôpital…
Les voix du Seigneur ont beau être impénétrables, les taxis ont bien le cœur sur la main !
Hélène Manceron
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